LES FRAUDEURS TRAQUÉS PAR L’ADMINISTRATION

Le ministère de l’intérieur lance une enquête sur les aides accordées par l’etat aux ménages marocains

Le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, avait menacé les fraudeurs de lourdes sanctions. Outre la restitution des fonds injustement encaissés, les trafiquants encourent des poursuites judiciaires

L’Etat marocain avait, dès le début de l’éclatement de la crise sanitaire du Coronavirus, lancé une vaste opération d’aide financière destinée aux ménages ayant perdu leurs emplois. Une opération louable qui a touché trois catégories de personnes. La première concerne les salariés du secteur privé déclarés à la CNSS et qui sont en arrêt temporaire d’activité. La deuxième touche les personnes exerçant dans le secteur informel et titulaires de la fameuse carte Ramed et la troisième porte sur celles non porteuses de la carte Ramed.

Tout un dispositif a été rapidement mis en place par les autorités pour répondre dans l’urgence aux besoins des ménages qui souffrent de la dégradation de leur situation financière. Mais, au fur et à mesure que le temps passait, beaucoup de trafic a été signalé dans le fonctionnement de ce dispositif, particulièrement la partie concernant les personnes exerçant dans l’informel.

Lourdes sanctions
Un secteur à l’origine difficile à cerner avec des données non actualisées, tronquées ou encore indisponibles. Mais le ministère de l’Intérieur avait, dès le début de l’opération, prévenu les fraudeurs et les trafiquants que des contrôles seront effectuées par les administrations locales et les agents d’autorité pour vérifier si la personne déclarée mérite réellement l’aide de l’Etat ou non. Un mérite qui ne se base apparemment pas sur le niveau de pauvreté de la personne déclarée mais sur le fait d’avoir perdu son travail.

C’est ce qu’avait précisé le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, lors de sa prestation parlementaire devant la Chambre des représentants, mardi 2 juin 2020. Une prestation où M. Laftit avait affirmé, en des termes très clairs, que le Fonds spécial du Covid-19 n’était pas destiné aux pauvres d’une façon générale mais aux personnes ayant perdu leur travail.

Une mise au point qui semble comme une réponse aux critiques de certaines familles marocaines qui crient haut et fort n’avoir jamais rien reçu de l’Etat. Mais, pour le ministre, plus de 4 millions de réclamations provenant de familles non touchées par l’aide de l’Etat ont été recueillies sur le site tadamoncovid. ma, géré par le ministère de l’Intérieur. «Environ 800.000 réclamations ont été acceptées et le reste est en cours de traitement», précise, en effet, le ministre.

Sur le trafic qui semblerait toucher beaucoup de familles marocaines qui ont bénéficié de l’aide financière publique mais qui continuent d’encaisser d’autres revenus, une enquête administrative a été lancée par le ministère de l’Intérieur. On parle ainsi d’arrestations parmi les fraudeurs dont on ne connaît pas encore le nombre. Mais les sanctions seront certainement lourdes: outre la restitution des fonds injustement encaissés, les trafiquants encourent des poursuites judiciaires. L’Etat cherche ainsi à rétablir une certaine justice dans la distribution des aides de l’Etat en les consacrant exclusivement aux familles qui en ont vraiment besoin.

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