Les Forces royales air (FRA) ont-elles vraiment effectué des frappes au Sahara marocain le dimanche 10 avril 2022? Le ministère des Affaires étrangères algérien l’assure, lui qui vient de condamner deux jours plus tard, c’est-à-dire ce 12 avril 2022, ce qu’il a qualifié d’“assassinats ciblés commis au moyen d’armes de guerre sophistiquées par le royaume du Maroc, en dehors de ses frontières internationalement reconnues, contre des civils innocents, ressortissants de trois pays de la région”.
“Ces pratiques belliqueuses s’apparentent à des actes répétitifs de terrorisme d’Etat et prennent les caractéristiques d’exécutions extrajudiciaires passibles de poursuites devant les organes compétents du système des Nations unies,” a-t-il poursuivi, en faisant, à l’évidence, référence au soi-disant bombardement que la présidence algérienne avait, début novembre 2021, accusé le Maroc d’avoir commis. Et d’ajouter que “cet acharnement contre des civils à travers des homicides intentionnels et prémédités constitue une violation systémique grave du droit humanitaire international qui doit être vigoureusement dénoncée et résolument dissuadée”.
Sauf qu’en dehors d’un article publié par le journal électronique “Mena Defense”, réputé proche des renseignements militaires algériens, aucune autre source n’a pu étayer l’existence d’une opération des FRA au Sahara marocain. La Minurso, la mission de paix des Nations unies dans les provinces du Sud, n’a, en effet, rien dit, et il est donc permis de douter d’une information dont l’objectif semble plutôt de vouloir véhiculer l’idée que le Maroc aurait également rompu l’accord de cessez-le-feu ayant pris effet, sous égide onusienne, le 6 septembre 1991. A cet égard, les Forces armées royales (FAR) se trouvent souvent accusées d’utiliser des drones contre les milices du mouvement séparatiste du Front Polisario qui tentent de se rapprocher du mur de défense, en sous-entendant le plus souvent que lesdits drones sont de fabrication israélienne et ainsi faire croire, non sans verser dans un antisémitisme abject, à l’existence d’un soi-disant complot maroco-sioniste qui viserait l’Algérie.
Autant dire qu’en l’absence d’une confirmation officielle des services de l’Organisation des Nations unies (ONU), toute information se doit d’être prise avec des pincettes.