Une fragmentation de trop pour l’économie mondiale

Lorsque les usines sont fermées et les ports bloqués à l'autre bout du monde, il est difficile de s'approvisionner.

Les premiers signes de rémission de la plupart des économies, y compris la marocaine, sont vivement remis en cause par une guerre qui ébranle toute l’économie mondiale, même si à des degrés divers. La guerre russe à l’Ukraine, qui entame son quatrième mois, n’a, en effet, de cesse d’alimenter la flambée des prix de l’énergie et de l’alimentation, sur fond de craintes pour les approvisionnements et de baisse des flux d’import-export.

Cette guerre a plus que jamais mis fin aux espoirs naissants, du rétablissement de l’économie mondiale, délicatement entretenus par l’allègement, de l’impact délétère, de la pandémie du Covid-19. Cette guerre ne manque pas d’inquiéter, non seulement les chefs d’entreprises et les organisations syndicales, mais aussi les différente responsables nationaux et internationaux, réunis ces derniers jours au Forum économique mondial de Davos, et à leur tête le Fonds monétaire international (FMI). Institution financière internationale dont la directrice générale, Kristina Georgieva, et la numéro deux, Gita Gopinath, n’ont pas manqué, d’ailleurs, de s’interroger, dans un blog, sur la manière d’empêcher ce qu’on appelle la fragmentation géo-économique.

En effet, la pandémie et la guerre en Ukraine ont accéléré non seulement le recul de la mondialisation amorcé dès 2008, mais pourraient aussi engager l’économie mondiale vers une plus grande fragmentation des systèmes productif et financier, rendant les chaînes d’approvisionnement de plus en plus vulnérables. Comme le souligne l’Organisation mondiale du commerce (l’OMC) pour qui «le Covid 19 a fortement exposé les vulnérabilités de beaucoup de chaînes de production ». Lorsque les usines sont fermées et les ports bloqués à l’autre bout du monde, même si la situation s’améliore dans son pays, il est difficile de s’approvisionner.

Et dans son exercice de prévision publié fin avril, le FMI, souligne également que «la rupture des chaînes d’approvisionnement a d’importants effets réels sur les stocks, la production et les ventes des entreprises. Ces effets étaient toujours présents début 2022». Aussi, loin de la mondialisation heureuse, ces liens commerciaux internationaux apparaissent désormais aux yeux des Etats et des firmes comme des sources potentielles de vulnérabilité.

Notre pays ne peut échapper à cette vulnérabilité, ce qui ne peut que remettre en cause les premiers signes de rémission de l’économie marocaine. Et ce, d’autant plus qu’en sus des pesantes sollicitations des finances publiques et le regain des pressions inflationnistes, suite, notamment, aux augmentations des prix des carburants et d’autres produits d’importation essentiels comme les produits alimentaires, le pays doit faire face à une année agricole fortement affectée par l’étiolement pluviométrique.

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