La formule de Mohammed V et l'initiative de Ouattara

Lutte contre la désertification en Afrique

Le Souverain propose la création d’une véritable alliance africaine contre la désertification, dotée de ressources financières et technologiques adéquates pour lutter contre ce phénomène.

La désertification est loin d’être une chimère en Afrique. Environ 4 millions d’hectares de forêts disparaissent chaque année sur le continent, notamment à cause de l’exploitation minière et de la collecte de bois. Soit une diminution annuelle de 3% de son PIB. Un fléau qui est l’une conséquences du changement climatique qui prend des proportions très inquiétantes dans un continent déjà assailli par une pléthore d’urgences.

Et, paradoxalement, d’après le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), l’Afrique émet moins de 7% des gaz à effet de serre de la planète, très loin de grandes puissances comme la Chine qui émet quatre fois plus de GES que les 54 pays africains réunis. Un dérèglement climatique qui se manifeste par des sécheresses et incendies en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne, et par des inondations dans les autres pays.

C’est probablement l’une des principales raisons qui ont poussé la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) à choisir la Côte d’Ivoire pour abriter la 15e Conférence des parties (COP 15) placée sous le thème «Terres. Vie. Patrimoine: d’un monde précaire vers un avenir prospère ». Cette rencontre internationale consacrée à cette thématique a démarré depuis le 9 mai 2022 à Abidjan et se poursuivra jusqu’au 20 mai. Neuf chefs d’Etat y prennent part, notamment le président ghanaen, Addo Akufo-Addo, le Nigérien Mohamed Bazoum, le Congolais Felix Tshisekedi, le Libérien George Weah ou encore le Nigérian Muhammadu Buhari.

Dans un discours adressé aux participants, le roi Mohammed VI propose aux pays africains de coordonner leurs efforts pour combattre cet ennemi commun. «Nous appelons à la mise en place d’une véritable alliance africaine contre la désertification, dotée de ressources financières et technologiques adéquates et propres à une action efficace», propose-t-il. D’après le Souverain, «l’heure est effectivement à l’accélération de la mise en oeuvre de programmes opérationnels de lutte contre la désertification, dans le cadre d’une coopération régionale concrète, pragmatique et renforcée».

En attendant la création de cette alliance, la Côte d’Ivoire prend les devants. Le président Alassane Ouattara a présenté, lors de l’ouverture de cet évènement, «l’Initiative d’Abidjan», un grand programme qui, selon lui, ambitionne de mobiliser 1,5 milliard de dollars sur cinq ans pour restaurer «les écosytèmes forestiers dégradés en Côte d’Ivoire» et promouvoir «des approches de gestion durable des sols».

Parmi les principaux bailleurs, la Banque africaine de développement (BAD) et l’Union européenne. Un programme qui vient à son heure, puisque la Côte d’Ivoire, l’un des greniers agricoles du continent et premier producteur de cacao au monde, a perdu plus de 92% de ses forêts primaires en soixante ans. Une dégradation d’environ 60% des terres arables qui a entraîné une grande baisse de la productivité agricole.

Le roi Mohammed VI salue cette initiative, qui s’inscrit «dans la continuité de l’élan donné par le Sommet africain de l’action en faveur d’une co-émergence continentale que le royaume a organisé à Marrakech en marge de la COP 22». Place à l’action. L’urgence n’attend pas.

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