On n’en sait rien sur les projets et le programme du Fonds, dont l’activation dépend de la mobilisation de 45 milliards de dirhams. D’autant plus que depuis plusieurs mois, on attend toujours la tenue de son premier conseil d’administration, qui marquera son démarrage effectif.
Point de relance économique sans investissement. La reprise peine à cause d’une pénurie des moyens financiers. Les caisses de l’Etat tarissent du fait de la baisse des recettes fiscales et non fiscales en cette période de crise sanitaire. Du coup, tous les projecteurs sont braqués sur le Fonds Mohammed VI pour l’investissement, perçu comme une bouée de sauvetage et qui était au coeur du fameux plan de relance de 2020. D’ailleurs, ce plan de relance s’est révélé bancal car son levier essentiel relatif à l’investissement n’a pas été, à ce jour, actionné. Pourquoi ce Fonds, censé financer la locomotive de l’investissement privé pour l’appui aux activités de production et aux projets structurants et à la création de l’emploi, n’est pas encore opérationnel?
Adopté le 4 février 2021 en conseil de gouvernement, le décret portant création d’une société anonyme à Conseil d’administration dénommée Fonds Mohammed VI pour l’investissement a nourri beaucoup d’espoirs. Programmée pour juillet 2020, son activation a cumulé beaucoup de retards. Dans le projet de loi de finances (PLF) 2022, on trouve le «Pacte pour la relance économique et l’emploi» avec une enveloppe de 120 milliards de dirhams, dont les 45 milliards du Fonds Mohammed VI pour l’Investissement (15 milliards provenant du budget de l’Etat et 30 milliards sous forme de partenariats public-privé avec les institutionnels aussi bien nationaux qu’internationaux). Si les 15 milliards de l’Etat sont prévus par le PLF 2022, l’origine des 30 milliards demeure la grande inconnue. Le gouvernement sortant n’a pas réussi à lever les fonds nécessaires.
Démarrage effectif
Et aucune communication sur le sort de ce Fonds de la part du ministère des Finances. Il y a quelques jours, on apprend la création d’une société commune dénommée Sensyo Pharmatech S.A., par le Fonds Mohammed VI pour l’investissement, avec la présence dans le tour de table, de BAB consortium (Groupes Bank of Africa, Attijariwafa bank et Banque Centrale Populaire), du suédois Recipharm Ab et enfin du marocain Samir Machhour.
Cette société a pour objet la création de l’usine de mise en bouteille et de fabrication du vaccin Sinopharm anti-Covid à partir de décembre 2021. Dans un communiqué en date du 2 octobre 2021, le Conseil de la Concurrence annonce avoir reçu une notification dans ce sens. C’est tout. Sans plus. Pas de détails sur la contribution financière de chaque partie ou du Fonds particulièrement.
Comment se fait-il que ce Fonds, qui doit d’abord réunir les 45 milliards de dirhams pour être opérationnel, soit impliqué dans la création d’une société anonyme sans que l’on ne sache rien sur ses projets et son programme d’investissement? D’autant plus que depuis plusieurs mois, on attend toujours la tenue de son premier conseil d’administration, qui devait être présidé par Mohamed Benchaâboun, ministre sortant de l’Economie des Finances, devant porter sur l’approbation des résolutions marquant son démarrage effectif, notamment en ce qui concerne le plan d’action prioritaire, l’identification des premiers grands projets à financer... C’est le flou total.