Flambée des prix à la pompe


Quand l’État ne tient pas parole


La dégradation de la conjoncture géopolitique internationale se trouve, en principe, derrière la hausse des prix des carburants. Mais l’Etat, qui a libéralisé le secteur sans mettre en place des mécanismes de contrôle, est lourdement responsable de cette situation.

Alors que les Marocains s’attendaient à une baisse ou au moins une stagnation des prix des carburants, après la polémique qui a suivi la publication d’un rapport parlementaire sur les hydrocarbures mettant en cause les marges vertigineuses des distributeurs pétroliers, les prix à la pompe poursuivent leur flambée incroyable. Il y a quelques jours, ils ont augmenté de 50 centimes pour le gasoil et 20 centimes pour le super.

Des hausses qui mettent sérieusement à mal le pouvoir d’achat des Marocains encerclés par des augmentations de toutes parts. Pour expliquer cette hausse inattendue, le président du Groupement des pétroliers du Maroc, Adil Ziyadi, évoque la conjoncture géopolitique internationale. De nombreuses raisons sont, ainsi, avancées. Parmi elles: les sanctions américaines contre l’Iran, qui produit près de 3 millions de barils par jour. Il y a aussi la situation économique désastreuse au Venezuela, considéré comme l’un des principaux producteurs de pétrole dans le monde.

Sans oublier, bien entendu, le chaos politique et économique au Moyen-Orient. Le prix du baril est passé de 30 dollars en 2016 à 86 dollars actuellement. Soit du simple au triple. Pour Adil Ziyadi, à moins d’un retournement spectaculaire de situation, la tendance des prix est toujours à la hausse pour les toutes prochaines semaines. Face à une telle situation, devenue de plus en plus intenable pour les Marocains, l’Etat reste négligent, voire absent. Au lendemain de la publication du rapport parlementaire, en mai 2018, qui a épinglé les distributeurs pétroliers pour avoir gonflé leurs marges entre 2015 et 2017, en réalisant des bénéfices faramineux de 17 milliards de dirhams en deux ans seulement, le gouvernement avait promis de corriger le système injuste de fixation des prix à la pompe.

Marge brute maximale
Par le biais du ministre des affaires générales et la gouvernance, Lahcen Daoudi, l’Exécutif avait même avancé, fin mai dernier, l’idée d’adopter la formule belge de fixation des prix. Un système qui permet de plafonner les prix en tenant compte de marges raisonnables pour les distributeurs. Tous les produits pétroliers sont concernés par cette formule (essence, diesel, GPL, butane, propane et fuel lourd). Le prix maximum prend en compte plusieurs éléments, dont le prix du produit à la sortie de la raffinerie et les taxes.

Le modèle belge se distingue également par la fixation d’une marge brute maximale de distribution, destinée à couvrir tous les frais de distribution des produits, des raffineries jusqu’aux consommateurs finaux. Or, force est de constater que rien n’a été mis en place cinq mois après l’annonce. Pis: on parle d’un abandon de cette formule alors que l’Etat est tenu de protéger le consommateur contre les appétits démesurément insatiables des distributeurs pétroliers.

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