La finance islamique concurrencera-t-elle la finance classique ?



C’est officiel. Après plusieurs  années d’attente, le Maroc a  enfin sa finance islamique. La  banque centrale a, en effet,  accordé, début janvier 2017, des agréments  à cinq nouvelles banques «participatives»,  formulation officielle utilisée pour désigner  finance islamique. Ces nouvelles entités  sont portées par les principales banques  de la place, à savoir la Banque populaire,  CIH Bank, BMCE Bank of Africa, Attijariwafa  Bank et le groupe Crédit agricole du Maroc.  Chaque groupe bancaire marocain s’est  associé avec un partenaire financier arabe,  principalement dans les pays du Golfe.

Une expérience concluante
C’est ainsi que la Banque populaire s’est  alliée avec Guidance Financial Group, une  filiale du fonds souverain Qatari Barwa;  CIH Bank avec Qatar International Islamic  Bank; BMCE Bank of Africa avec le groupe  bahreïni Dalla Al Baraka; et le Crédit agricole  du Maroc avec la Société islamique pour le  développement du secteur privé, une filiale  de la Banque islamique pour le développement.

De son côté, seul le groupe Attijariwafa  Bank, filiale de la holding SNI, se retrouve  toujours en phase de discussion avec un  partenaire étranger. Mais Attijariwafa a été  précurseur dans le domaine en lançant, en  2010, Dar Assafa, qui propose des produits  bancaires dits participatifs. Une expérience qui s’est révélée concluante, malgré toutes  les critiques, compte tenu du nombre de  clients importants qui ont souscrit aux nouvelles  offres bancaires.

Dans la foulée des autorisations accordées  par Bank Al Maghrib, celle-ci a également  donné son feu vert à trois autres banques  marocaines, filiales de grands groupes étrangers,  pour lancer des fenêtres bancaires  halal. Il s’agit de la BMCI, filiale de BNP Paribas;  Société générale Maroc; et le Crédit du  Maroc, filiale du groupe français, le Crédit  agricole.

L’arrivée de la finance islamique au Maroc  n’est pas le fruit hasard. Existant depuis 10  ans déjà en Angleterre et 5 ans en France,  cette finance islamique trouve un engouement  certain dans plusieurs pays du monde,  dont le Maroc.

Selon une récente enquête réalisée par  l’agence Reuters et l’Institut islamique de  recherche et de formation rattaché à la  Banque islamique de développement (BID),  98% des Marocains ont manifesté leur intérêt  pour les produits bancaires islamiques.

Cette enquête a révélé que 84% des Marocains  intéressés par les produits bancaires  islamiques souhaitent que ces produits  soient moins coûteux que ceux offerts par  les banques traditionnelles.

43% des sondés  ont cependant affirmé qu’ils ouvriraient  des comptes bancaires auprès des établissements  islamiques, même si les produits  bancaires halal s’avèrent plus chers que  les services bancaires traditionnels. Plus  catégoriques encore, 30% ont déclaré qu’ils  n’utiliseront plus que des produits financiers  islamiques. Des pourcentages rassurants  pour les nouvelles banques islamiques, qui  constitueront à coup sûr un business florissant  pour leurs promoteurs.

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