"Que te manque-t-il, Fès? Fès parkings, mon seigneur!"

Les faux projets de développement de Driss El Azami

Une application high tech sans contact pour des parkings dans une ville qui manque de trottoirs et de tout, qui baigne dans le chômage, la morosité économique, qui agonise en assistant à l’oisiveté de ses jeunes désoeuvrés sans perspectives, quel gâchis !

Tantôt, il fait rire tous les Marocains, tantôt, il fait grincer les dents des Fassis, dont la ville, dite capitale spirituelle, a perdu son âme et son charme, au gré d’élus dont la sénilité a atteint à un âge précoce. Jugeons-en! Après Chabat, l’ancien maire de Fès, qui en se réveillant un jour a décidé de construire une miniature de la Tour Eiffel, l’actuel maire, Driss El Azami, a mis sur pied le projet Fès Parkings, une solution technologique de gestion des parkings sans une intervention humaine.

D’abord une Tour Eiffel miniaturisée puis des parkings dernière génération! Pourquoi pas? L’argent, ce n’est pas ce qui manque. Qui a dit que le pays est en crise économique? Qui a parlé d’une circulaire du ministre de l’Intérieur adressée aux communes les sommant de rationnaliser les dépenses et d’utiliser le budget pour réduire, autant que possible, les effets de cette crise? Certainement pas au Maroc, quand on tente d’analyser la portée de la dernière décision prise par le maire pjdiste de Fès, El Azami, ancien ministre délégué du Budget de surcroît.

Il est bien de chez nous ce proverbe marocain ancien traduit de l’arabe dialectal: «Que te manque-t-il, homme nu? Une bague, mon seigneur». Une application high tech sans contact pour des parkings dans une ville qui manque de trottoirs et de tout, qui baigne dans le chômage, la morosité économique, qui agonise en assistant à l’oisiveté de ses jeunes désoeuvrés sans perspectives, quel gâchis! Le maire de Fès, député et cadre du PJD dont il préside le Conseil national, brille par ses idées ingénieuses et ses déclarations qui vont aux antipodes du bons sens même. Mais pour un marché juteux comme celui de Fès Parking, il n’a pas résisté longtemps.

“Justice sociale”
C’est pourtant ce responsable, qui miroite l’image d’une caste de gouvernants de notre pays, qui s’est livré au sein du Parlement, le 12 octobre 2020, à un spectacle hors pair et à un discours majestueusement populiste et démagogique, éloigné de celui de la justice sociale et du progrès tenu par le parti de la lampe il y a quelques années devant des millions de Marocains alors que se profilaient à l’horizon les élections législatives.

Durant une réunion de commission parlementaire, le député El Azami s’est transformé en défenseur des traditions qui sclérosent le modèle de développement actuel et hypothèquent celui nouveau en concertation. Le comble, c’est que lui-même avait qualifié le discours de ses détracteurs qui voulaient supprimer la retraite parlementaire, cette rente plus vieille que son parti, de «populiste», en pleine pandémie, au moment même où des licenciements économiques par milliers s’enchaînaient et où des Marocains n’avaient pas de quoi subvenir à leurs besoins élémentaires.

Au moment aussi où son parti, comme les autres d’ailleurs, avait laissé tomber le projet de loi sur les arriérés des baux (loyers), tant attendu par des millions de Marocains paupérisés en temps de crise sanitaire. Le sevrage de la rente n’a pas d’âge. Mais quelle définition autre donner à la rente mieux que de se battre pour décrocher un siège dans les élections communales ou législatives? C’est la source même de la rente sous toutes ses formes.

Quant aux Fassis, il est temps qu’ils se réveillent d’un long sommeil qui les a habitués à être passifs. Chabat puis El Azami, la leçon a été dure mais combien bénéfique. Cela ne désengage pas le ministère de l’Intérieur, qui doit prendre ses responsabilités et enquêter sur ce marché de Fès Parkings qui ne profite certainement pas à une ville morte.

Articles similaires