"Une femme tout simplement", de Bahaa Trabelsi

Des histoires de femmes aux destins différents, mais toutes animées d’un même but: celui d’un inébranlable désir d’accomplissement.

Une femme tout simplement est l’histoire de Laïla. Une histoire qui ressemble à celle de beaucoup d’autres femmes. Une histoire de ces femmes en lutte dans une société marocaine en mutation. Tout simplement une histoire de la vie avec ses peines et ses joies. «Longtemps je me suis crue différente», dit l’héroïne du roman de Bahaa Trabelsi. «Enfant, je tentais de me démarquer des autres. Mais déjà, et par ces tentatives mêmes, je leur ressemblais». Elle a ressemblé à Mama, cette femme-enfant mariée à l’âge de seize à son père, et qui remplacera sa mère, morte prématurément: «j’ai ressemblé à Mama quand elle a voulu ôter son masque de mère et d’épouse parfaite, et essayer de vivre sa vie de femme», dit-elle.

Elle a ressemblé aussi à toutes les autres femmes. À commencer par Chaïma, «luttant frénétiquement pour se faire une place dans une société où elle partait perdante». Elle a ressemblé à Tante Zakya, cette femme «provocante mais tellement prisonnière des modes et des clichés». Elle a ressemblé à Nada, «avec son envie de se déresponsabiliser et de se réfugier dans le confort d’un mariage arrangé».

Elle a même ressemblé à Aïcha, une autre épouse à son père, qui, «cachée derrière ses voiles, a cherché désespérément une paix intérieure qu’elle n’est pas arrivée à trouver ailleurs que dans les préceptes de la religion».

Toutes ces femmes se sont battues pour la même chose: «pour la vérité, notre vérité». Elles se sont cherchées toutes, parfois à tâtons, parfois avec lucidité, mais «toujours avec conviction que l’issue était proche, les solutions à portée de main», dit -elle. Les parcours de toutes ces femmes étaient à la fois dissemblables et identiques. Un même cycle les unissait, s’enroulant autour autour d’elles comme une spirale, fillefemme- mère.

Chacune de ces femmes incarne une voie, un mode d’évolution possible, quelquefois même une issue. Celle du passage violent et destructeur de la soumission au libertinage, incarnée, par exemple, par le destin de Mama, marié à un père tiraillé entre la modernité et la tradition.. Celle, aussi, de Laïla, véritable et fructueuse quête d’identification par laquelle l’héroïne, d’abord perdue au coeur d’un tourbillon de paradoxes, va peu à peu trouver sa propre recette du bonheur.

Or, malgré ces destins différents, Laïla, Mama et toutes ces femmes restent animées d’un même but, celui d’un inébranlable désir d’accomplissement. La voie de Laïla, celle du coeur, représente en quelque sorte, nous dit l’éditeur, «le point d’équilibre entre toutes les autres, mariant heureusement, mais non sans heurts, tradition et modernité, religion et rationalisme, liberté sexuelle et fidélité. féminité et maternité, travail et famille...»

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