Faux-fuyants algériens

Situation désastreuse dans les camps de Tindouf.

L’Algérie épinglée par l’ONU au sujet des droits de l’Homme


L’ONU et nombre d’ONG internationales sont unanimes quant au rôle de la voisine de l’Est dans le drame des camps de Tindouf.

Le poisson noyé semble appelé à continuer de faire bonne figure dans la gastronomie politique algérienne. Sermonnée à la trente-huitième session du Conseil des droits de l’Homme (CDH) de l’Organisation des Nations unies (ONU) qui s’est tenue du 18 juin au 6 juillet 2018 au siège du conseil dans la ville de Genève, en Suisse, au sujet des Sahraouis réfugiés dans les camps de Tindouf, la voisine de l’Est n’a en effet rien trouvé de mieux, une nouvelle fois, que de mettre le tout sur le compte du Maroc, alors même que c’est sous sa juridiction que le mouvement séparatiste du Front Polisario séquestre depuis plus de quarante-trois ans ces Sahraouis dans ces camps situés sur son territoire.

Un mécanisme impartial
Le CDH a d’ailleurs complètement mis à nu cette rhétorique algérienne lors de sa session en rappelant comment les réfugiés se retrouvent privés de tous leurs droits civils et politiques, tels qu’ils sont entendus dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques de décembre 1966, du fait du transfert par la junte algérienne, dans les camps, de ses pouvoirs juridictionnels au Polisario. «Un système gouvernemental et juridictionnel «parallèle» est mis en place sur les camps (...) de Tindouf par le Polisario,» ont fustigé les experts du conseil. Ces derniers ont, en conséquence, sommé la junte algérienne de prendre des mesures pour mettre fin à cette situation «contraire obligations générales» de l’Algérie -la voisine de l’Est a ratifié le Pacte international relatif aux droits civils et politiques en septembre 1989-; ce à quoi les responsables algériens ont donc rétorqué que c’était la faute au Maroc.

Pressé de toutes parts, le directeur des droits de l’Homme au ministère des Affaires étrangères algérien, Lazhar Soualem, s’est, ainsi, réfugié dans les faux-fuyants, en ressortant l’argument éculé de l’opposition du Royaume à ce que la mission de l’ONU au Sahara marocain MINURSO soit dotée d’un volet consacrée aux droits humains. «Seul un mécanisme impartial pourra établir les violations des droits de l’Homme dans les camps de Tindouf,» a-t-il soutenu.

Or, ce que n’a pas précisé M. Soualem, ou ce qu’il s’est bien gardé de préciser, c’est que le Maroc dispose déjà de ses propres mécanismes en la matière, en l’occurrence le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), dont le Conseil de sécurité de l’ONU a maintes fois salué, dans ses résolutions relatives à la MINURSO, le travail dans les régions concernées. Pas plus qu’il n’a pipé mot sur les véritables raisons du refus par le Royaume d’inclure la surveillance des droits humains dans les prérogatives de la mission onusienne; refus qui a moins rapport avec la question des droits humains en elle-même que le fait qu’un tel changement porterait atteinte à la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Un mécanisme similaire au CNDH n’existe par contre pas à Tindouf, puisque les territoires où se trouvent les camps sont, pour l’Algérie, administrés par… le Polisario! Un non-sens du point de vue du droit international; autrement il s’agirait donc d’un entité politique indépendante qui existerait depuis plus de quatre décennies en plein territoire algérien sans que personne n’en ait jamais rien su. Plusieurs ONG ont, cela va sans dire, jugé l’argumentaire présenté par M. Soualem à Genève comme étant fallacieux et, par conséquent, irrecevable.

Dans un communiqué conjoint publié ce lundi 9 juillet, la Fondation Global Africa Latina, qui regroupe des acteurs culturels et académiques de plusieurs pays d’Amérique latine, ainsi que les organisations Socpinda du Mexique, l’Association urbaine civile du Mexique, l’Organisation des droits de l’Homme de l’État de Oaxaca, le Comité pour la paix mondiale et les droits des municipalités de la République dominicaine et la Corporation d’éducation et d’entreprise Cormun du Pérou, ont dénoncé le climat de terreur imposé selon eux par le Polisario à Tindouf, où les «femmes sahraouies, victimes de traitements inhumains, sont séquestrées et privées des libertés les plus élémentaires, » poursuit la même source.

Traitements inhumains
«Des femmes kidnappées et retenues contre leur gré dans les camps de Tindouf par le Polisario, sont privées de leurs droits en tant que femmes et de la possibilité de réaliser leurs rêves et leurs ambitions et forcées à se soumettre à une cause sans horizon,» a-t-il déploré. Le Centre d’action pour le développement rural avait pour sa part dénoncé, le 27 juin devant le CDH, ce qu’il a qualifié de «mutisme sur les atrocités» à Tindouf. Il a regretté que les familles de victimes et de disparus cherchent encore les nouvelles de leurs enfants dans l’indifférence totale du Polisario. «La plupart des tortionnaires occupent aujourd’hui de hautes fonctions dans l’administration du ,» s’est élevé le centre.

Le Victorious Youths Movement avait, lui, soulevé la contradiction du Polisario qui d’une part se pose en héraut des principes humanitaires mais, dans les faits, défend une forme d’obscurantisme, pour ce qu’il qualifie de «raisons politiques détournées». Des rapports font apparaître de véritables violations des droits de l’Homme dans les camps, selon ce qu’a déclaré l’ONG. L’Algérie préfère pendant ce temps, ceci dit, regarder ailleurs, aveuglée par sa hantise à l’encontre du Maroc.

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