Pour une Fatwa contre les "Tarawihs" clandestines

Un Ramadan pas comme les autres

Ramadan est le mois qui s’accompagne toujours d’une affluence record des fidèles musulmans dans les mosquées. Rendez-vous annuel, les Tarawihs, prières collectives immanquables, doivent être interdites par une Fatwa pour éviter des violations à la pelle des consignes de confinement. Le risque zéro n’existe pas.

Le Ramadan de cette année fait l’exception. La règle est l’affluence inhabituelle et conséquente des fidèles sur les mosquées du Royaume dès la veille du premier jour de ce mois sacré à partir de la prière d’Al Ichae. Les fidèles commencent à affluer en grand nombre, à pied ou en voiture, pour accomplir la dernière prière d’Al Ichae avant les prières nafilahs (surérogatoires) dites ‘‘Tarawihs’’.

Mais voilà, sur le net, des appels crédules ou incrédules à la violation des consignes de confinement en observant la prière des Tarawihs tout en respectant la distance de 1 mètre entre deux fidèles circulent. La détection et le tracking de ces appels viraux n’est pas suffisante pour balayer du revers de la main ces idées périlleuses. A trois jours du mois sacré de Ramadan, la Fatwa interdisant les prières collectives d’Al Ichae, connues sous le concept religieux Tarawih (Nafilahs), se fait toujours attendre. Rendez-vous annuel immanquable et tant attendu par les fidèles musulmans, ces prières collectives qui durent entre 1h et 1H15 après la dernière prière de la journée peuvent être source de contaminations collectives à large spectre. Contrairement aux heures des prières normales et obligatoires, ces moments rassemblent beaucoup plus de personnes de toutes les tranches d’âge et de toutes les catégories socio-professionnelles: adultes, jeunes et enfants. Il y en a qui viennent en famille.

Le danger que cela représente n’est donc pas minime. Et le risque zéro n’existe pas. Mais il est difficile de le faire admettre à certains fidèles qui ne temporisent pas lorsqu’il s’agit du mois de la piété par excellence. Face aux récalcitrants, la main des forces de l’ordre doit être lourde. Il y va de la vie des autres. Mais pour ceux qui s’estiment «alems» et «défenseurs» de l’Islam, la réponse de Mustapha Benhamza, professeur et chef du département des Études islamiques à la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université Mohammed Ier d’Oujda, président du Conseil local des oulémas d’Oujda et président de la branche locale des lauréats de Dar Al Hadith Al Hassania, s’apparente à une correction de faux concepts et de coutumes transformées en bidâa (faux préceptes).

Fidèles «insoumis»
«D’abord, un mot de vérité: ne peut être Alem (savant) qui le veut. La Fatwa a ses règles et conditions. Et au Maroc, nous avons une institution chargée des Fatwas. Point à la ligne. Ensuite, ces appels aux prières collectives ne peuvent créer la zizanie au sein de la société. Sur le plan religieux, il y a une intsitution qui tranche sur ce genre de questions quand est elle sollicitée. Sur le plan sanitaire et sécuritaire, il y a aussi des institutions dédiées. Le choix du Royaume d’adopter le confinement est judicieux. Et ses résultats, on les voit aujourd’hui. Et dans notre religion, on ne peut pas accepter que des gens se donnent la mort par des gestes inconscients et irresponsables. Et puis, il faut savoir qu’à l’origine, les Tarawihs étaient accomplies à titre personnel dans les maisons. Les us et coutumes ont fait que les Tarawihs se fassent derrière un Imam. Ce n’est pas une obligation ou une condition incontournable. Un conseil à nos compatriotes et aux fidèles: Faites les Tarawihs et lisez le Coran chez vous», a-t-il déclaré à Maroc Hebdo. Si sur le plan religieux, dans le Coran, la traduction approximative du verset 29 du sourat En-Nissâ’ (Les Femmes) dit: «Et ne vous tuez pas vous-mêmes. Allah, en vérité, est Miséricordieux envers vous».

S’obstiner à accomplir les prières collectives et les Nafilahs s’apparente à un suicide et à un crime envers les autres et la société en ces temps de crise sanitaire et de confinement qui a évité à notre pays des pertes humaines notamment. Il est grand temps que le ministère des Habous et le Conseil supérieur des oulémas jouent leur rôle de prédication et de sensibilisation et communiquent, par tous les moyens et par tous les canaux, de manière didactique et intelligible, aux Marocains bien avant l’avènement de Ramadan.

Le temps presse.
Le dispositif sécuritaire mobilisé depuis le début de l’état d’urgence sanitaire a fait preuve de dévouement et de sacrifices exemplaires. Si on lui rajoute cette nouvelle mission de se poster devant les mosquées du Royaume pour surveiller les fidèles «insoumis », nous risquons de le surcharger et de diminuer de son efficacité et de son efficience.

Le patriotisme est aussi un sentiment de responsabilité envers soi-même et envers les autres. Le Maroc a fait de grands pas vers la maîtrise de la propagation du nouveau coronavirus. Les résultats obtenus à ce jour sont, somme toute, encourageants. La lutte n’est pas finie. Il ne faut pas non plus crier victoire trop rapidement. Mais il ne faut pas non plus saboter les efforts des médecins et des sécuritaires. Il faut adopter la politique de la carotte et du bâton. Avant de sanctionner, sensibiliser et sensibiliser.

C’est le mois sacré de l’indulgence et du pardon. Il est inadmissible que les arrestations dues à la violation des consignes de confinement soient nombreuses. Alors, faites travailler vos méninges et votre capacité de discernement et chassez toute idée folle qui vous effleure l’esprit. La foi est dans les actes et les bonnes intentions envers autrui.

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