faouzi lekjaâ, ministre des finances par délégation

Le ministre délégué se voit déléguer la gestion de la DGI et de la douane

Personne ne doute des compétences de M. Lekjaâ, qui devient ainsi le premier super-ministre délégué de l’histoire du Maroc. Mais il est désormais le principal gestionnaire des ressources de l’État. Cette délégation laisse planer des doutes sur la capacité de Nadia Fettah Alaoui à gérer un grand département comme celui de l’Économie et des Finances.

Après la publication des décrets d’attribution des compétences des membres du gouvernement dans le Bulletin officiel daté du 22 octobre 2021, dont celles de la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, celle-ci a créé la surprise en délégant ses principales prérogatives à Faouzi Lekjaâ, ministre délégué auprès du ministre de l’Économie et des Finances, chargé du Budget.

En effet, Nadia Fettah Alaoui a mis à la disposition de Faouzi Lekjaâ une bonne partie de ses compétences (pour ne pas dire la plus importante), à savoir la gestion de la Direction générale des impôts (DGI) et l’Administration des douanes et impôts indirects (ADII), habituellement et historiquement rattachées au ministre Finances. Sa décision n°3200.21 est entrée en vigueur à la suite de sa publication au Bulletin officiel du 4 novembre 2021.

Ainsi, l’article 3 de cette décision dispose que «pour exercer les compétences susvisées, le ministre délégué auprès de la ministre de l’économie et des finances, chargé du budget, aura à sa disposition la DGI et l’ADII, instituées par le décret n°2-07-995 du 23 chaoual 1429 (23 octobre 2008) relatif aux attributions et à l’organisation du ministère de l’économie et des finances».

Ressources de l’État
Ce n’est pas tout. L’article 2 de ladite décision stipule que «il est délégué au ministre délégué auprès de la ministre de l’économie et des finances, chargé du budget, la compétence d’engagement des dépenses inscrites au chapitre des charges communes ». Que reste-t-il alors des prérogatives de madame le ministre des Finances quand elle se décharge de la gestion des deux administrations colossales qui génèrent le gros des recettes de l’État, les impôts directs et indirects? Ne faudrait-il pas alors publier un nouveau décret signé par le Chef de gouvernement pour changer l’appellation du département de Faouzi Lekjaâ, qui devrait porter l’intitulé «Ministère délégué chargé du Budget et des Finances»?

Personne ne doute de la compétence de M. Lekjaâ, qui devient ainsi le premier super-ministre délégué de l’histoire du Maroc. Mais il est désormais le principal gestionnaire des ressources de l’État. Cette délégation laisse planer des doutes sur la capacité de Nadia Fettah Alaoui à gérer un grand département comme celui de l’Économie et des Finances, qui renseigne de par son appellation sur des prérogatives extrêmement importantes dans la marge de manoeuvre gouvernementale.

Déléguer ou renoncer à gérer deux piliers majeurs du ministère des Finances signifie désormais que le véritable argentier du Royaume est Faouzi Lekjaâ, le ministre de l’Économie et des Finances par délégation.

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