Compte tenu des incertitudes qui planent encore sur l’économie nationale et internationale, les opérateurs économiques sont plus que jamais inquiets face au ralentissement de la conjoncture économique. Ils sont confrontés à des soucis de trésorerie, de carnets de commande, de retards dans les délais de paiement et de manque de financement des besoins d’exploitation. Pour la majorité des patrons, les niveaux jamais vus pour se faire payer vont continuer à asphyxier l’économie. N’ayant pas de visibilité, ils redoutent fort de ne pas retrouver les paliers de croissance des années avant covid.
Aux yeux des salariés, l’enjeu prioritaire de cette rentrée 2023 est de sécuriser un pouvoir d’achat mis à mal par une hausse des prix de presque tous les produits alimentaires tant nécessaires pour l’équilibre nutritif et sanitaire de la population, ceci, sans oublier ceux de l’énergie ou des fournitures scolaires. Dans ce contexte, les pouvoirs publics font face à des arbitrages difficiles. Il s’agit, d’une part, de lutter contre l’inflation sans pénaliser la reprise et, d’autre part, d’aider les populations vulnérables pénalisées par la hausse des prix tout en reconstituant une marge de manoeuvre budgétaire. La conduite de la politique monétaire et de la politique budgétaire devient, alors, de plus en plus incertaine dans un contexte où l’économie mondiale est prise en tenaille entre les conséquences de la crise Covid-19 et celle plus complexe qui a fait son apparition au lendemain du déclenchement du conflit armé entre la Russie et l’Ukraine.
Les pouvoirs publics auront, par ailleurs, tout le mal à assurer le difficile équilibre entre le soutien au pouvoir d’achat et le renforcement de la compétitivité. La reprise dès cette semaine du deuxième round du dialogue social ne saurait être d’aucun secours même si la récente revalorisation salariale a l’avantage d’apporter -d’ailleurs avec un certain retard (le réajustement à la hausse des salaires de 10% est programmée sur deux exercices successifs, 5% en septembre 2022 et 5% en septembre 2023)- un soutien au pouvoir d’achat des travailleurs rémunérés au salaire minimum. N’induit-elle pas des coûts additionnels qui risquent de peser sur la compétitivité?
De même, n’ayant pas engagé des réformes audacieuses en matière de développement durable, les pouvoirs publics ont beaucoup de mal à faire face à la lourde facture énergétique due à des coûts de plus en plus élevés des importations des énergies fossiles, et ce malgré les efforts apportés en la matière pour assurer une transition énergétique portée par les énergies renouvelables.
Seul un sursaut salvateur, aussi bien des opérateurs économiques que des pouvoirs publics, permettra de sortir de cet attentisme. Sinon, les tendances économiques qui ont prévalu jusqu’ici finiront par déboucher sur une voie étroite qui n’est autre que celle de la régression sociale. Il ne faut pas s’étonner, alors, que l’inattendu arrive toujours