Expansionnisme algérien: Quand le Sahara tunisien fut annexé par le colonel Bendjedid


Chadli Bendjedid

L'ancien ministre des Affaires étrangères tunisien, Ahmed Ounaies, est catégorique. Si contrairement au Maroc son pays n'a aucun problème avec l'Algérie, c'est parce que, lui, a accepté de se faire délester des territoires qui lui appartenaient avant la colonisation française. "Le régime militaire algérien voulait imposer de nouvelles frontières par la force, alimentant la logique de la carte coloniale. Il a pris des centaines de kilomètres du Sahara tunisien et essayé de faire de même avec le Maroc," expliquait en décembre 2020 à la radio tunisienne IFM. 

En effet, la Tunisie est depuis mars 1983 signataire de la convention relative au bornage de la frontière d'État avec sa voisine de l'ouest. A ce titre, elle a dû céder un territoire de près de 900km2 qui s'arrêtait jadis à l'oasis de Garet El Hamel, à une trentaine de kilomètres au sud de la ville libyenne de Ghadamès. La convention avait ainsi mis fin à plus de trente ans de dispute entre les deux pays maghrébins, marquée notamment par la tentative du président Habib Bourguiba au cours des fameux événements de la Gafsa, instigués par son homologue algérien, le colonel Chadli Bendjedid. 

Le territoire annexé avait dès 1901 fait l’objet d’un procès-verbal entre le gouverneur général d'Algérie et le résident général de France en Tunisie, à l’époque un protectorat français. Allait également suivre, en mai 1910, la convention de Tripoli, qui allait entériner la frontière algéro-tunisienne au niveau de Garet El Hamel. A son indépendance en juillet 1962, l’Algérie allait toutefois remettre en cause ces différents textes et allait donc miser sur la déstabilisation de sa voisine de l’Est pour élargir son territoire à ses dépens.

Outre la Tunisie et bien sûr le Maroc, dont elle continue à ce jour d’occuper le Sahara oriental, la Libye semble également être actuellement dans l'œil de mire de la junte algérienne. En juin 2021, le président Abdelmadjid Tebboune avait reconnu dans l’hebdomadaire français “Le Point” qu’une invasion de Tripoli avait été à l’étude suite à l’offensive lancée par le maréchal Khalifa Haftar à l’encontre de la capitale libyenne. Au Mali, le parti de l’Alliance démocratique du peuple malien (ADÉPM) avait également dénoncé, en septembre 2021, la tentative d’annexion opérée par l’Algérie de “quelques centaines de kilomètres carrés de notre territoire” situés à la frontière d’In-Halid, dans la région de Kidal. Le démenti apporté quelques jours plus tard par le ministère de la Défense algérien, qui avait plaidé “une mission technique conduite par des experts relevant du Service géographique et de télédétection de l’Armée nationale populaire accompagnés par un détachement de sécurisation et de protection”, n’avait toutefois pas vraiment convaincu.

 

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