Suite aux révélations du 29 mai 2023 de la lettre d’information Sahel Intelligence quant à la « déroute » de l’armée de la voisine de l’Est à Timiaouine et à Bordj Badji Mokhtar,Maroc Hebdo a cherché à en savoir davantage. Une des sources que nous avons consultées, et que nous tenons pour sûre - elle n’a pas souhaité que son nom soit révélé - nous a non seulement confirmé l’information mais croit savoir que le nombre de soldats algériens tués pourrait avoir dépassé la vingtaine, en plus des blessés « dont certains ont vraisemblablement été transportés jusqu’à Alger » (pour y être sans doute admis à l’hôpital d’Aïn Naâdja, le seul qui compte des équipements médicaux plus ou moins corrects dans le pays). Quant à la question de savoir pourquoi la junte militaire n’a pas voulu communiquer sur la mort de ses hommes sur le terrain, contrairement à ce qui s’était passé en mars 2022 à la première attaque d’envergure des indépendantistes touaregs du Mouvement pour la libération de Tamanrasset et Adrar, ce serait justement en raison des importantes pertes enregistrées. « À l’époque il n’y avait eu que trois morts, » souligne notre source.
De l’autre côté, différentes autres sources pensent que la tenue, le 1er juin 2023, d’une nouvelle réunion du haut conseil de sécurité restreint, officiellement pour « l’examen de la situation générale dans le pays et au niveau des frontières », aurait eu pour principal ordre du jour les affrontements de Timiaouine et de Bordj Badji Mokhtar et non le pseudo sommet que les services israéliens, français et marocains auraient eu à Tel-Aviv, comme cela a pu être relayé par certains médias. « Cette fake news (donnée par le quotidien El Khabar dans son édition du 30 mai 2023, ndlr) était destinée purement et simplement à la consommation interne, » nous indique-t-on. « La junte est la première à savoir qu’un tel sommet ne peut pas avoir eu lieu. » Mais une de nos sources n’écarte pas que derrière cette manœuvre, qu’elle attribue à la sécurité militaire algérienne, se trouve en fait une tentative délibérée de noyer le poisson en mettant directement toute information relative aux soulèvements indépendantistes que connaissent ou peuvent connaître différents territoires contrôlés par l’Algérie, comme par ailleurs la Kabylie, sur le compte d'un soi-disant complot ourdi par Israël, la France et le Maroc. Quitte aussi pour le régime à utiliser ses relais sur les réseaux sociaux pour à chaque fois démentir des données dont la véracité est pourtant difficile à balayer.
Rappelons que cela fait de nombreuses années que de nombreux observateurs mettent en garde par rapport à l’absence d’autorité d’Alger dans les anciens Territoires du Sud français, que l’ancienne puissance coloniale lui avait annexé à son départ en juillet 1962 au détriment des pays voisins dont le Maroc, qui se vit privé de tout son Sahara oriental historique. En janvier 2013, l’attaque qu’avait connue la raffinerie d’In-Amenas, dans la wilaya d’Illizi, avait fait une quarantaine de victimes innocentes et provoqué le départ de nombreuses sociétés étrangères installées dans la région.