Les étudiants en mal de e-learning

UNE ENQUÊTE NATIONALE EFFECTUÉE PAR DES CHERCHEURS UNIVERSITAIRES MET LE DOIGT SUR LE MALAISE DES ÉTUDIANTS

Professeurs et étudiants n’ont pas la même perception de l’enseignement à distance

Si les deux tiers des enseignants se disent satisfaits de l’enseignement à distance durant le confinement, seul un étudiant sur cinq partage ce sentiment. C’est ce qui ressort d’une enquête sur l’enseignement à distance dans l’enseignement supérieur public, menée du 1er au 12 mai 2020, par six enseignant -chercheurs appartenant aux universités de Mohammedia, Kénitra et Rabat, auprès de 200 enseignants et de 1.340 étudiants. Soit autant de sondés essentiellement concentrés sur l’axe Kénitra- Rabat-Casablanca-Settat. Selon cette enquête, c’est chez les professeurs universitaires que le sentiment général est à la satisfaction. Les deux tiers d’entre eux se disent satisfaits du e-learning durant le confinement. Six sur dix avancent même s’y être parfaitement adaptés. Pourtant, plus de la moitié (56,5%) n’ont jamais suivi de formation dans le domaine.

Ces tendances contrastent entièrement avec le vécu des étudiants qui, à plus de de 79%, confient leur insatisfaction de ce mode d’apprentissage. Pis encore, 56,4% ne parviennent pas du tout à s’y adapter, et presque le tiers est toujours en train de tenter de s’y acclimater. À peine 8% d’entre eux sont à jour dans leurs enseignements. Tout à fait déçus, 57% des apprenants ne veulent plus de cours à distance

Réapprendre à s’organiser
En se posant la question de savoir si les enseignants sont peu performants en matière de e-learning ainsi que celle de savoir si les étudiants font preuve de peu d’autonomie, les chercheurs universitaires arrivent à la conclusion suivante: les deux explications sont probablement valables. Les professeurs, même avec toute la bonne volonté dont ils ont fait preuve, ne peuvent du jour au lendemain devenir enseignants à distance, ce qui est considéré par les experts comme un métier à part entière. De leur côté, habitués à des cours en présentiel classiques, les étudiants doivent réapprendre à travailler et à s’organiser. Dans les deux cas, des formations et du temps sont nécessaires. Pourtant «presque 60% des enseignants universitaires affirment s’être très bien adaptés au e-learning, après plusieurs semaines de cours à distance». Alors que «chez les étudiants, cette part est de seulement 11%». Dans tous les cas, «un tiers des deux côtés essaie toujours de s’y acclimater».

Ainsi, même s’ils semblent mieux s’en sortir en e-learning que leurs étudiants, la moitié des enseignants considèrent, néanmoins, que ce mode d’enseignement reste contraignant et la majorité absolue d’entre eux sont convaincus qu’il ne peut pas remplacer le présentiel. Si pour les enseignants le e-learning peut apporter, par ailleurs, «un plus» à l’enseignement supérieur à l’avenir, 70,7% des étudiants sont peu ou pas du tout d’accord par rapport au «plus» apporté par le e-learning à l’enseignement classique. En plus, les étudiants sont majoritairement insatisfaits non seulement des cours interactifs à travers la plateforme universitaire mais aussi des problèmes de connexion, la difficulté à effectuer des Travaux Dirigés ainsi que du manque d’interactivité. Sans oublier la tendance de certains enseignants à se contenter de documents classiques ainsi que de l’absence de mesures communes d’enseignement à distance et d’un planning global des enseignements.

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