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POURQUOI LE SYSTÈME D’ENRICHISSEMENT DES ÉCOLES PRIVÉES SE POURSUIT

Le système qui a permis aux propriétaires de ces écoles de gonfler leurs fortunes est devenu presque illégal et se heurte aux valeurs d’éthique et de la morale qui régissent le business propre.

Dans cette ambiance sanitaire désastreuse marquée par la hausse des cas de contamination au coronavirus, se déroulera la rentrée scolaire prévue pour le 7 septembre 2020. Les Marocains sont tiraillés entre la crainte que leur progéniture soit rattrapée par la maladie et leur souci de garantir un enseignement présentiel optimal. Mais les parents d’élèves scolarisés dans le secteur privé se sentent particulièrement molestés, dépouillés, après que les écoles privées n’aient pas baissé leurs tarifs malgré une conjoncture économique difficile. Beaucoup de parents ont perdu leur emploi et leur pouvoir d’achat s’est brutalement dégradé.

Mais malgré cela, ils ont sacrifié leurs petites économies et le peu qui leur reste pour inscrire leurs enfants dans l’école privée. Car pour eux, l’école publique ne peut pas garantir à leurs enfants un enseignement de qualité. Le puissant lobby du système privé continue donc de s’enrichir sur le dos des parents en profitant de la faillite de l’école publique et l’absence de crédibilité dont elle souffre depuis longtemps. Mais le système qui a permis aux propriétaires de ces écoles de gonfler leurs fortunes est devenu presque illégal et se heurte aux valeurs d’éthique et de la morale qui régissent le business propre. Les frais d’inscription et de réinscription constituent, à eux seuls, une arnaque historique à travers laquelle les écoles privées remplissent leurs caisses sans aucune contrepartie offerte aux enfants.

Des fortunes gonflées
Pendant longtemps, ces écoles ont facturé des frais d’assurance vertigineux dont les montants sont estimés au minimum à 1.500 dirhams. Alors qu’en réalité les frais d’assurance sont estimés à 50 dirhams par enfant. La différence considérable entre le prix réel et celui facturé est donc partie dans les poches des propriétaires des écoles. Tout le monde se demande pourquoi l’Etat n’ouvre pas une enquête contre les écoles privées pour permettre aux parents de récupérer cet argent, injustement empoché? Le volet de l’assurance n’est, en fait, que l’arbre qui cache la forêt. Les écoles privées ont longtemps profité d’un système fiscal très avantageux. Pendant de longues années, elles ont été exonérées avant de se voir imposer une fiscalité légère. En contrepartie de cet argent, l’enseignement privé est actuellement loin de satisfaire les parents sur le plan de la qualité.

L’enseignement, au lieu d’être sérieusement pris en charge par l’Etat en améliorant l’école publique, s’est transformé en une marchandise exploitée par une classe d’entrepreneurs rapaces qui ne pensent qu’à rentabiliser leurs affaires. Quant aux intérêts des élèves et de leurs parents, c’est leur dernier souci. Beaucoup estiment que l’Etat manque à son obligation de contrôle de ces écoles privées qui continuent à saigner les Marocains même en période de Covid-19.

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