Découverte à Essaouira d'une parure de bijoux vieille de 150.000 ans

La grotte de Bizmoune, un trésor archéologique national

La Cité des Alizés est historiquement connue comme un lieu où divers peuples vivaient en paix et les preuves de cette grotte exceptionnelle nous disent que cela a vraisemblablement existé il y a 150.000 ans.

Essaouira a vécu, mardi 26 octobre 2021, l’un des moments les plus exaltants et les plus émouvants de sa longue histoire. C’est ce qu’a déclaré le conseiller royal André Azoulay, après la découverte dans la grotte de Bizmoune, à proximité de la ville, d’une parure de bijoux vieille de 150.000 ans. Cette parure, la plus vieille du monde connue à ce jour, incarne à sa façon les valeurs auxquelles Essaouira a choisi d’identifier sa renaissance depuis une trentaine d’années.

Le conseiller du Roi participait ainsi à une journée d’information dédiée à la présentation de cette découverte historique, soulignant au passage qu’il s’agit là des premiers indices de l’humanité faisant apparaître l’existence de relations structurées entre membres d’un même groupe ou de groupes différents. Pour André Azoulay, cette parure illustre pour la première fois et à sa façon l’existence d’une forme de langage, voire d’une langue, à l’époque de l’Homo sapiens.

Initiée par le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, l’Association Essaouira-Mogador et Essaouira Innovation Lab, cette rencontre, marquée par la participation d’un parterre de chercheurs et d’archéologues marocains et étrangers, a été l’occasion de jeter la lumière sur cette découverte majeure de 32 coquilles façonnées de gastéropodes marins dans un niveau datant de 142.000 à 150.000, par une équipe internationale de l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du patrimoine, de l’Université d’Arizona, aux Etats-Unis, et du Laboratoire Méditerranéen de Préhistoire Europe Afrique en France.

Tous les archéologues ont mis en exergue la portée et l’importance de cette découverte particulière, faisant savoir que le département de la Culture se penche sur l’élaboration du dossier de candidature du site de Bizmoune, à côté d’autres à travers le Royaume, pour leur inscription sur la liste des sites préhistoriques de l’UNESCO.

Rôle important
Abdelajalil Bouzouggar, professeur à l’INSAP, a indiqué qu’Essaouira constitue un territoire densément peuplé depuis des milliers d’années, mettant en avant le gisement important que recèle cette partie du territoire national en termes de patrimoine et d’informations cruciales sur l’origine du comportement symbolique humain. M. Bouzouggar, qui co-dirigeait les recherches au niveau de la grotte de Bizmoune, a passé en revue les principales conclusions de cette découverte et ses implications, expliquant que cette étude a démontré que la région dispose d’une flore variée datant de 150.000 ans et d’une faune fossile très riche.

Pour Philippe Fernandez, chercheur au CNRS, en France, «le contexte paléo-écologique des niveaux de Bizmoune joue un rôle extrêmement important dans l’évolution animale et l’occupation de la grotte».

Pour sa part, Steve Kuhn, professeur à l’Université de l’Arizona, a affirmé que «ces découvertes nous montrent que les mots à caractère social de ces humains étaient en train de se développer. Ils apprenaient sûrement à interagir et même à coopérer avec des peuples différents», notant qu’Essaouira est connue comme un lieu où divers peuples vivaient en paix et les preuves de Bizmoune nous disent que cela a vraisemblablement été le cas il y a 150.000 ans.

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