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Loin d'Al-Haouz, la région d'Essaouira souffre également des affres du séisme du 8 septembre


Douar Tichourghal. Crédit photo: Bilal Aljouhari


C’est dans le Haouz que, ces jours-ci, Bilal Aljouhari devait se trouver. Cet activiste connu dans les milieux associatifs pour son engagement sur le terrain avait pris la route pour ladite région au lendemain du séisme qui l’avait touché le 8 septembre 2023, avec comme objectif d’aider du mieux qu’il le pouvait les populations sinistrées. Son point de chute final aura toutefois été la région d’Essaouira, mais la mission demeure pour lui, quoiqu’il en soit, la même. En effet, M. Aljouhari a découvert, dans les plaines du Haha, qui constituent le hinterland de la cité des alizés, des dizaines de villages qui ont également subi les affres du tremblement de terre, tout en étant, néanmoins, sous les radars de l’attention publique et même des autorités.

“A Ounara, commune rurale distante d’environ 20km d’Essaouira, les gendarmes qui m’avaient arrêté sur la route pour contrôler mon identité avaient eux-mêmes été surpris d’apprendre que des villages de la zone où ils se trouvaient avaient été affectés par le séisme,” relate M. Aljouhari, quand nous le joignons au téléphone. “Ils m’ont dit qu’ici, personne n’avait été impacté, avant que je ne leur montre que c’était le contraire.”


Douar Tichourghal. Crédit photo: Bilal Aljouhari


M. Aljouhari s’est lui-même par hasard retrouvé du côté d’Essaouira. Depuis Rabat, où il vit, il s’était arrêté dans la province de Chichaoua, en ayant en tête de poursuivre vers le Haouz. C’est là qu’une personne originaire de la région d’Essaouira l’informa quant aux villages où on avait relevé certaines destructions, ce qu’il voulut apprécier de visu, en se disant en même temps qu’il y avait peut-être là des gens qui avaient davantage besoin de secours que leurs concitoyens qui étaient déjà en train d’être sauvés par les autorités dans les régions les plus proches de l’épicentre du séisme. Et ce qu’il trouva, une fois arrivé à destination, allait confirmer sa première prémonition. 

“Des habitations se sont effondrées,” expose-t-il. “Il n’y a certes, heureusement, pas eu de mort comme dans le Haouz, mais je crois que cela peut arriver si les choses ne sont pas rapidement prises en main.”


Douar Tichourghal. Crédit photo: Bilal Aljouhari


Ce sur quoi alerte M. Aljouhari, c’est le fait que même si la plupart des habitations des villages où il s’est trouvé tiennent encore debout, dans beaucoup on trouve des fissures. De ce fait, des riverains passent systématiquement encore la nuit dehors. Des travaux urgents sont donc, à ses yeux, à mener.

“Sur certains villages, comme celui de Kraymate -village d’origine du fameux défunt comédien Kraymi, signale M. Aljouhari-, je dois dire que les autorités ont été impliquées et fait ce qu’il fallait,” nous indique-t-il. “Mais il faut absolument que cela se généralise, et à cet égard la société civile est également appelée à se mobiliser.”


Douar Tichourghal. Crédit photo: Bilal Aljouhari


M. Aljouhari a également mis l’accent, lors de l’échange que nous avons eu avec lui, sur la pauvreté et la précarité manifeste dans les villages où il s’est rendu, accentués par la sécheresse des trois dernières années. “Les principaux moyens de subsistance, de ce que j’ai vu et compris personnellement, c’est la culture de l’arganier et de l’amandier, or les arbres ont beaucoup dépéri,” regrette M. Aljouhari. “On survit, si je peux dire les choses crûment. Le seuil de pauvreté, on n’est peut-être pas en dessous, mais on est à peine au-dessus. Beaucoup ne gagnent qu’une quinzaine de dirhams par jour, à tout casser.”

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