A quoi joue l’espagnol Jobelsa ?

PROCHAIN DRAME SOCIAL À TANGER

Depuis plus de 15 jours, 400 employés de Jobelsa Maroc, équipementier espagnol automobile, tiennent un sit-in pour protester contre l’entreprise, qui entend «se débarrasser d’eux à moindres frais», alors qu’elle ne serait même pas en crise, selon les employés.

Que se passe-t-il à l’usine tangéroise de Jobelsa? L’équipementier espagnol, spécialisé dans les coiffes de sièges automobiles, veut se séparer des 400 employés restants de son usine située dans la province de Fahs Anjra, à 25 km de Tanger. L’argument avancé par la direction est lié à la crise du Covid-19. Une crise qui a induit une baisse importante de la production, mettant à mal les finances de l’entreprise, poussant donc Jobelsa Maroc à lancer une série de licenciements depuis fin 2020. «Faux», nous dément Siham El Morabit, employée chez Jobelsa Maroc. «Nous avons travaillé à plein régime en 2020. Entre 5 et 6 remorques étaient chargées chaque jour grâce à l’augmentation de la production. L’usine tournait 7j/7», se rappelle Siham.

Malgré cela, l’entreprise s’est délaissée de 500 de ses employés fin 2020. Des intérimaires qui n’auraient obtenu aucune indemnité. Quelques jours plus tard, soit le 18 janvier 2021, la direction des ressources humaines met au chômage technique les 400 employés restants pour une période d’un mois, prolongée pour un autre mois. La veille du retour des employés au site de production, les responsables RH «publient un message sur la page Facebook de l’entreprise, leur demandant de ne se rendre à l’usine que 3 jours après la date convenue», souligne Siham, qui y voit une démarche surprenante par la direction du groupe, qui n’a pas envoyé de document officiel pour acter cette décision. Le doute s’installe et les employés se rendent le lendemain à l’usine pour la trouver fermée. «C’est indigne de leur part. Ils voulaient qu’on s’absente deux jours pour nous licencier pour motif d’abandon de poste et ne pas nous indemniser», s’étonne Siham.

Absence de réaction
La stratégie n’ayant pas fonctionné, l’entreprise a proposé aux employés 20 à 25% de leur indemnisation légale. La grande majorité des 400 employés ont refusé cette offre. Depuis plus de 15 jours, ils ont pris d’assaut l’usine, organisant des sit-in pour une durée indéterminée. «Ils veulent se débarrasser de nous, alors que nous avons contribué à la réussite de cette entreprise depuis plus d’une décennie. C’est injuste et inhumain. Ils seront responsables de véritables drames sociaux dans la région. Près d’un millier de familles seront dans le besoin à cause des licenciements de 2020 et de ce mois», déplore Siham El Morabit.

Mais ce que les centaines d’employés regrettent le plus, c’est l’absence de soutien… «Personne ne s’est soucié de nous. Je ne comprends pas la réaction des autorités. (…) En Espagne, ils ont licencié des employés et leur ont accordé tous leurs droits. Pourquoi pas au Maroc?», s’alarme Siham. En tout cas, les 400 employés ne comptent pas baisser les bras. Un avocat a été désigné pour les défendre, en attendant un réveil de Mohamed Amekraz, ministre du Travail, qui, joint par Maroc Hebdo, ne nous a plus répondu lorsqu’on a cité «l’affaire Jobelsa».

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