UNE ÉQUATION DIFFICILE À RÉSOUDRE

LA LOI DE FINANCES 2021, SELON M. BENCHAÂBOUN

Au moment où les recettes de l’Etat ne cessent de baisser, comment mobiliser, alors, les ressources nécessaires sans recourir au surendettement?

De passage au parlement devant la commission des finances le lundi 28 septembre 2020, Mohamed Benchaâboun, ministre de l’économie et des finances, a fait le point sur l’exécution du budget de l’année 2020 et les défis de la loi de finances de l’année 2021. D’emblée, le ministre rappelle que les priorités pour l’année 2021 ont été actualisées suite aux orientations du Souverain dans son discours de juillet dernier.

Ainsi, les priorités pour l’année prochaine vont du lancement de la généralisation de la couverture sociale à la mise en place d’une réforme profonde du secteur public en passant par un programme ambitieux pour la relance de l’économie nationale. «Pour chacune de ces réformes, il faut des prérequis légaux ou des réformes de transition», explique le ministre. «Il faut prendre en compte en parallèle avec le PLF 2021 un ensemble de projets de lois qui concernent ces trois dossiers », ajoute-t-il.

Or, pour exécuter ces chantiers prioritaires et les orientations royales, l’argentier du Royaume aura tout le mal à mobiliser les ressources de financement nécessaires vu que les dépenses publiques augmenteront de 33 milliards de dirhams au moment où la crise économique fera baisser les recettes de l’Etat de 20 à 25 milliards de dirhams. Le gouvernement n’aura, alors, d’autre choix que de couper dans les charges courantes. Il aura aussi à mobiliser le domaine de l’Etat et les mécanismes de financement innovants pour ne pas faire exploser la dette publique. Le gouvernement a du pain sur la planche: une réforme de la couverture sociale et la priorisation des dépenses de santé et d’éducation. La première coûtera la bagatelle de 8,5 milliards de dirhams à l’Etat, tandis que la priorité donnée en 2021 aux secteurs de la santé et de l’éducation impliquera l’affectation de 5 milliards de dirhams supplémentaires pour ces deux secteurs.

Chantiers prioritaires
D’abord, pour la santé, cela se traduira par la création de 5.500 postes (contre +1500 en 2020), 717 millions de dirhams supplémentaires pour les équipements et 850 millions de dirhams supplémentaires pour l’investissement.

Ensuite pour le secteur de l’éducation, cela se traduira par la création de 17.000 postes budgétaires (contre +2.000 en 2020), ainsi que par l’affectation de 3 milliards de dirhams en plus pour les équipements et 528 millions de dirhams pour l’investissement. L’ensemble de ces mesures nécessitera une enveloppe de 14,6 milliards de dirhams en plus des 5 milliards de dirhams pour les secteurs sociaux. Au cours de son intervention, Benchaâboun n’a pas manqué de rappeler aussi l’ensemble des dépenses supplémentaires incompressibles comme la masse salariale (+8,5 milliards de dirhams), l’organisation des élections (+1,5 milliard de dirhams), les dépenses de compensation (+2 milliards de dirhams) ..., qui nécessiteront une enveloppe de 13,6 milliards de dirhams.

Ainsi, l’ensemble des dépenses supplémentaires à prévoir pour les priorités citées plus haut sont de l’ordre de 33,2 milliards de dirhams. Cela, à un moment où les recettes de l’Etat ne pourront que continuer à enregistrer des baisses du fait des conséquences de la crise sanitaire et économique. Il est prévu que ces recettes de l’Etat reculeront de 20 à 25 milliards de dirhams. Benchaâboun aura, ainsi, à résoudre une de ces équations les plus difficiles: mobiliser les ressources nécessaires pour mener à bien les chantiers prioritaires, dans un contexte où les recettes de l’Etat sont en baisse, sans pour autant recourir à trop d’endettement. Le tout afin de préserver les sacro-saints équilibres.

C’est dans ce cadre que la troisième priorité entre, alors, en jeu, à savoir la réforme profonde du secteur public. Cela passera par la création d’une agence nationale pour la gestion stratégique des participations de l’Etat et le suivi de la performance des établissements publics. Parmi les actions prévues également, la rationalisation des dépenses de fonctionnement de l’administration. Tout un programme.

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