
“L’anarchie doit cesser dans la profession”
Maroc Hebdo: Votre association a déposé auprès du ministère de l’habitat un projet de loi visant à réorganiser la profession des agents immobiliers. Pourquoi tarde-t-il à voir le jour?
Mohammed Lahlou : Il est vrai que cela fait à peu près un an qu’il a été déposé au ministère de l’habitat. Mais, comme vous le savez, la machine administrative est tellement lente qu’on s’attendait à ce retard. Le ministre, Nabil Benabdallah, avec qui j’ai des contacts réguliers, m’a promis que le texte verra bientôt le jour.
Que prévoit exactement ce texte?
Mohammed Lahlou : Il prévoit une série de mesures visant à mettre de l’ordre dans la profession des agents immobiliers, jusque là livrée à une anarchie indescriptible. La première consiste à exiger de l’agent immobilier une formation minimale de Bac+2. Pour ceux qui justifient d’une expérience d’au moins dix ans, ils pourront être autorisés à exercer la profession. Deuxième mesure: les agents immobiliers doivent avoir pignon sur rue. C’est-à-dire avoir des bureaux ainsi que des identifications fiscales qui les sortent de l’informel.
Mais la plupart des agents immobiliers exercent dans l’informel et y trouvent amplement leur compte. Comment les convaincre de se réorganiser?
Mohammed Lahlou: C’est à prendre ou à laisser. Les personnes qui ne souhaitent pas se conformer à la loi seront sanctionnées. Et nous avons prévu, dans le projet de loi, de les renvoyer au code pénal, qui prévoit des peines d’emprisonnement et des amendes.
Avez-vous prévu des solutions intermédiaires qui permettent une réorganisation en douceur?
Mohammed Lahlou: Oui, en effet, nous avons pensé à accorder à certains agents immobiliers qui ne pourront pas satisfaire les conditions légales de devenir des “rapporteurs d’affaires”. Ils seront liés par contrat à des agents immobiliers professionnels, qui seront les seuls habilités à traiter la transaction immobilière.
Cette réforme intervient à un moment où le secteur traverse la plus grave crise de son histoire. Qu’en pensez-vous?
Mohammed Lahlou : La crise n’empêche pas la réforme. Au contraire, c’est pendant les périodes difficiles qu’il faut se remettre en cause. Quant à la crise de l’immobilier, je dirais qu’elle est due à une surévaluation des prix, qui continue toujours. Cette bulle immobilière a été très profitable à certains promoteurs mais pas aux consommateurs. A part le logement social, qui fonctionne toujours pour les privilèges fiscaux et fonciers dont il bénéficie, les autres segments immobiliers sont à l’agonie.
Comment, selon vous, résoudre le problème des appartements fermés non loués?
Mohammed Lahlou : C’est un véritable problème. Là j’appelle les autorités à durcir la législation concernant ces propriétaires qui ne proposent pas leurs appartements inoccupés à la location. Je pense qu’il faut les taxer davantage. C’est une situation inacceptable.