Entretien avec Marc Saikali, directeur de france 24

"Nous couvrons ce qui se passe au Maroc sans aucun parti pris"

Selon les derniers chiffres d’audience, France 24 est la 1ère chaîne internationale d’information au Maghreb. Comment expliquer de tels résultats?
Il n’y a pas de secret là-dessus. Nous essayons de couvrir ce qui se passe dans la région du Maghreb et ailleurs de manière honnête, libre et professionnelle. Cette approche, ainsi que l’indépendance de la chaîne, qui n’est inféodée à aucun gouvernement, nous a permis de gagner des parts de marché et nous a installés en 2018 comme étant la première chaîne internationale d’information la plus regardée au Maghreb. Avec des parts allant régulièrement à la hausse au Maroc, en Algérie et en Tunisie. Ce n’est pas France 24 qui réalise le sondage, ce sont des instituts professionnels qui en ont la charge. Je tiens d’ailleurs à remercier les téléspectateurs et internautes d’être toujours plus nombreux à suivre France 24, à la télé, bien sûr, mais également sur ses offres numériques qui rencontrent un réel succès dans la région.

Pour la couverture des événements se déroulant au Maroc, vous privilégiez souvent le côté négatif….
Ce n’est pas vrai. Lors d’une rencontre avec des experts de la communication au début du mois de mars à Paris, nous avons cherché une définition plus appropriée de l’information. Et on s’est dit que la meilleure définition possible est qu’une information, c’est ce qui fait la rupture dans la vie des gens. Si un gouvernement annonce la réalisation d’un plan permettant l’embauche de 200.000 chômeurs, je mettrai cette information en ouverture du journal même si elle est positive parce qu’il s’agit d’une rupture avec les courbes du chômage. Comme on le dit toujours dans les écoles de journalisme, un train qui arrive à l’heure, ce n’est pas une information… Nous couvrons ce qui se passe au Maroc sans aucun parti pris et sans préjugé aucun. Notre seul mot d’ordre est le respect de notre déontologie.

Vous n’avez pas profité de la baisse d’audience de certaines chaînes comme al Jazeera?
Je m’interdis de juger les autres chaînes. Chaque média a sa ligne éditoriale. La nôtre est basée sur le respect des droits humains, de la dignité humaine, de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme et toutes formes d’exclusion. Dans ce cadre, nous n’avons publié aucune image prise par le terroriste lors de la tuerie qui a eu lieu le vendredi 15 mars 2019 en Nouvelle Zélande. Le tueur a réalisé ce que l’on appelle un «Facebook live» où l’on pouvait voir en direct l’horreur qu’il était en train de commettre. A France 24, nous refusons de faire la propagande d’actes abjects. De même, nous nous efforçons de ne pas relayer des infox («fake news») pour maintenir à la chaîne sa réputation de canal d’information vérifiée et certifiée. Je suis d’ailleurs invité en tant que directeur de la chaîne à prendre la parole lors du prochain congrès de l’Union Africaine de Radiodiffusion (UAR), qui se tiendra le 27 mars à Marrakech, pour évoquer ce problème des infox («fake news») qui constituent un vrai danger pour la profession et pour le public.

En tant que première chaîne internationale d’information au Maghreb, ne pensez- vous y élargir votre implantation?
Nous avons un bureau en Algérie et en Tunisie, un correspondant au Maroc et nous comptons développer notre réseau. Pour nous, le Maghreb est essentiel de par les relations historiques entre ses pays -Maroc, Algérie, Mauritanie, Tunisie- et la France. De par aussi la présence d’une forte communauté de personnes originaires de ces pays en France… Cela nous incite à couvrir avec le plus d’objectivité possible ce qui s’y passe. Nous le faisons actuellement avec les manifestations en Algérie sans nous départir des règles professionnelles qui sont les nôtres.

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