Président de l’association Amal Biladi, coach professionnel, Elmahdi Benabdeljalil a, depuis plusieurs semaines pris son bâton de pélerin pour promouvoir son ouvrage de fiction, “Folles sagesses”, avec comme objectif de lever des fonds pour l’Académie rurale d’excellence, son bébé qui vise à autonomiser les villages.
Vous êtes actuellement en tournée pour faire la promotion de “Folles sagesses”, livre qui donne la part belle à la question du parachèvement spirituel, un de vos crédo, mais qui sert surtout à financer votre projet d’Académie rurale d’excellence, n’est-ce pas?
Effectivement, je fais d’une pierre deux coups. Je suis, comme les gens qui me connaissent le savent, coach professionnel, et j’ai toujours été très attaché à porter un message positif qui puise dans mon vécu, dans lequel la spiritualité joue un très grand rôle. Et c’était donc l’occasion pour moi, à travers mon livre, d’en faire une transcription écrite, en recourant à l’exercice de la fiction, qui me semblait le plus approprié pour transmettre ce que j’ai sur le coeur. Mais au-delà de cela, il y a aussi, vous l’avez mentionné, l’Académie rurale d’excellence, dont l’objectif est d’assurer la capacitation des populations qui vivent dans les milieux ruraux.
Pour expliquer les choses de façon plus simple, nous assurons une formation dans différents domaines qui, pour nous, sont porteurs sur le plan économique dans les villages et les douars du Royaume et qui sont à même d’assurer une meilleure autonomisation à leur population. Et cela, en respectant l’environnement, qui fait partie de nos valeurs fondamentales; lorsque, à cet égard, nous tentons de développer un secteur dans un village donné, nous donnons une importance cruciale à la dimension écologique, qui, malheureusement, n’est de mon point de vue pas toujours systématiquement prise en compte, voire qui se retrouve complètement relégué, sans vraiment de mise en avant.
A quels secteurs faites-vous référence, exactement?
Il y en a cinq, au total: l’agriculture écologique, la construction écologique, le tourisme écologique, l’artisanat et tout ce qui a trait aux produits du terroir, qu’on essaie de valoriser.
Et, pour choisir ces secteurs, avez-vous également consulté les villageois?
C’est une très bonne question! Je dois d’abord préciser que pour la première phase, nous serons présents dans trois villages qui sont situés respectivement dans les provinces de Chefchaouen, Larache et de Tétouan. L’idée était de nous retrouver dans des contextes différents, tout en étant proches du point de vue géographique car il s’agit, comme vous le savez, de trois provinces qui se trouvent toutes dans le Nord du Royaume. Ce que nous avons fait, avant de nous lancer sur le terrain, c’est d’effectuer une mission de trois jours dans les villages que nous avons sélectionné, et nous y sommes restés à échanger avec les riverains pour, d’une part, avoir une meilleure sensibilité quant à leur besoin, comme eux les ressentent, et aussi pour les associer à la prise de décision.
Nous ne pouvions bien évidemment pas leur imposer un modèle simplement parce que nous croyons qu’il est fonctionnel. Et puis je le reprécise: notre objectif final, c’est que tous ces gens puissent compter à l’avenir sur eux-mêmes. Je vous parlais bien d’autonomisation. J’ajouterais aussi que dans l’ensemble, notre projet s’insère dans les cadres des différents plans de développements qui sont mis en oeuvre par les autorités. Nous sommes, à ce titre, en contact étroit avec les différents responsables du ministère de l’Intérieur, que ce soit les walis et autres, et j’aimerais d’ailleurs en profiter pour les remercier pour leur aide. Parfois, nous l’oublions, mais nous avons vraiment des gens formidables dans l’administration qui permettent de faire avancer des choses comme cela, cruciales pour notre pays, son avenir, ses citoyens.
Pourquoi, justement, n’avez-vous pas pensé à solliciter directement l’administration pour obtenir des financements? Pourquoi avoir voulu le faire par vos propres moyens, c’est-à-dire ceux de “Folles sagesses”?
Ce n’est, en fait, pas exclu, pour le futur. J’ai d’ailleurs, par le passé, envisagé cela de façon sérieuse, et ce à quoi nous étions arrivés avait été suffisamment avancé qu’il était question d’une enveloppe de l’ordre de 25 millions de dirhams, censé couvrir le projet de l’Académie d’excellence rurale sur bien plus de villages. Mais je pense qu’au vu de mon expérience, il faut y aller mollo et qu’il ne faut surtout pas mettre la charrue avant les boeufs, au risque de se casser les dents. Nous mettons en oeuvre notre projet, et pour sa phase de conception je peux dire que nous sommes pleinement satisfaits.
Maintenant reste à voir comment cela va se passer sur les prochaines années. Pour le très court terme, notre objectif est de pouvoir lever une somme de 500.000 dirhams. Je suis plutôt confiant. Mon livre se vend à 250 dirhams, et je sais que c’est un prix qui est cher, et pourtant je continue à recevoir beaucoup de commandes. Au moment où je vous parle, un MRE installé aux Etats-Unis vient de débourser 400 dollars. Et grâce vous, grâce aux médias qui m’aident à médiatiser mon projet, je pense que l’on peut, je le crois, recueillir l’ensemble des fonds dont on a besoin.
Un mot sur le séisme d’Al-Haouz, région qu’au vu des nombreux déplacements que vous y avez effectués, vous connaissez bien?
C’est terrible, vraiment terrible. Depuis que c’est arrivé, je ne pense qu’à cela; j’en rêve même la nuit. J’adresse toutes mes prières aux victimes, puisse Dieu leur venir en aide. J’ai effectivement été dans Al-Haouz, dans plusieurs villages de la province, et j’ai appris avec le temps à connaître ces gens. Ce sont des gens modestes, qui vivent de peu, mais qui ont cette qualité qui est peut-être celle des peuples de la montagne en général, à savoir la résilience. Et rien que pour cela, j’ai totalement confiance qu’ils ont les moyens de dépasser cette tragédie qui, hélas, s’est abattue sur eux.
Mais par ailleurs, il faut dire aussi qu’ils ont besoin de notre soutien à tous, et au niveau de mon association, Amal Biladi, dont je suis le président, nous essayons de nous organiser pour les aider. Je suis d’ailleurs très content de ce que j’ai vu comme élan de solidarité de la part de nos concitoyens qui, je dois le dire, ne m’a pas surpris. Je pense connaître les Marocains et ce qu’ils valent, c’est un peuple vraiment merveilleux. Ceci dit, nous devons faire attention à ne pas oublier à Al-Haouz, quand d’ici quelques semaines une autre actualité prendra le pas. Nous devons demeurer présent pour les sinistrés jusqu’à ce qu’ils puissent vraiment se relever et malheureusement, les nombreux dons qu’ils reçoivent ne suffiront pas. Les denrées alimentaires, par exemple, finiront bien par périr. Mais l’esprit est là, et il faut simplement continuer à surfer dessus.