Entre solidarité et prudence : La réponse arabe à la crise en Palestine


De l’océan au Golfe, les réactions à la crise en cours au Proche-Orient n’ont pas été les mêmes, passant de l’engagement indéfectible du Maroc à la prise de distance franche des Emirats arabes unis et de Bahreïn. Florilège.

Le vif conflit qui secoue les territoires palestiniens trouve un écho jusqu’au Caire où, le mercredi 11 octobre 2023, s’est tenue une session extraordinaire du conseil de la Ligue arabe. Sous la présidence du ministre des Affaires étrangères marocain, Nasser Bourita, cet événement a cristallisé un appel urgent à une mobilisation collective pour désamorcer une escalade inquiétante dans la région.

Porte-parole des positions fermes du roi Mohammed VI, M. Bourita a mis en exergue l’engagement indéfectible du Maroc envers la primauté de la paix et de la coopération au-dessus du conflit et de la violence, plaidant pour la construction d’un “espace prospère pour l’ensemble des peuples de la région”. “Les événements sanglants et horribles... témoignent que la région affronte une situation inédite, potentiellement propulsive du conflit vers une étape aux répercussions imprévisibles et alimentant un discours d’extermination systématique terrifiant”, a affirmé M. Bourita. Le chef de la diplomatie a également sollicité la communauté internationale, y compris le Quartet international, pour engager des consultations sincères afin de remettre le processus de paix sur les rails.

Au-delà du Maroc, d’autres nations arabes, confrontées à leurs propres dilemmes et alliances, ont adopté des postures variées vis-à-vis de ce conflit délicat. Le roi Abdallah II de Jordanie, souvent perçu comme un modérateur, a vigoureusement insisté sur la nécessité de résoudre le conflit israélo-palestinien, déclarant que « L’escalade dangereuse, la violence et l’agression actuelle dans les territoires palestiniens montrent clairement que notre région ne connaîtra pas de sécurité et de stabilité sans une paix juste et globale, fondée sur la solution à deux États ».

Préoccupations géopolitiques
Alors que la Jordanie plaide en faveur de la paix, elle doit parallèlement gérer des allégations concernant l’utilisation de ses bases militaires pour faciliter les approvisionnements de l’armée américaine en Israël – des allégations qu’elle a niées, illustrant la complexité des relations et des équilibres à maintenir dans la région

D’autre part, l’Égypte, historiquement médiatrice entre Israël et le Hamas, tente de maintenir une position équilibrée, encourageant le Hamas à libérer des otages tout en gérant une situation humanitaire tendue, spécifiquement avec la fermeture du poste de Rafah, exacerbant une crise humanitaire déjà préoccupante dans la bande de Gaza.

Des pays comme l’Algérie et la Tunisie affichent leur soutien aux Palestiniens, adoptant une position claire et directe contre l’»occupation sioniste». Dans le Golfe, les positions des pays reflètent un éventail de préoccupations géopolitiques et d’alliances, exhibant une variété de réactions allant de la condamnation aux appels à la désescalade. L’Arabie Saoudite, souvent perçue comme le pivot des politiques du Golfe, a opté pour une approche mesurée, appelant à un «arrêt immédiat des violences». Bien qu’exprimant une opposition aux hostilités, cette déclaration ne prend pas position de manière tranchante contre l’une des parties, selon des observateurs de la diplomatie régionale.

Les Émirats arabes unis et le Bahreïn, qui ont normalisé leurs relations avec Israël en 2020, oscillent prudemment entre cette alliance récente et une solidarité historique avec la cause palestinienne. Les deux nations condamnent les violences et prônent un retour à la paix, tout en évitant une position qui pourrait menacer leurs nouveaux liens diplomatiques avec Israël ou inquiéter leur population et les autres pays du Golfe.

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