RENTRÉE SCOLAIRE 2024-2025 AU MAROC

Entre réformes ambitieuses et défis persistants

Les projets mis en place auront pour but de créer des environnements d’apprentissage favorables, avec une qualité d’enseignement renforcée et des chances égales entre les élèves.


La rentrée scolaire 2024-2025 au Maroc s’annonce sous le signe de la transformation, avec des réformes et des initiatives majeures visant à moderniser et améliorer le système éducatif national. Le ministère de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports a fixé la date de reprise des cours au lundi 9 septembre 2024, tandis que le personnel administratif a repris le travail dès le 2 septembre, suivi des enseignants le 3 septembre. Cette nouvelle année scolaire s’annonce comme une période charnière pour le système éducatif marocain, le ministère a choisi le slogan ambitieux : « Pour une école publique de qualité pour tous ».

Réformes et Innovations Majeures
Cette année, le ministère poursuit sa stratégie d’amélioration de l’école publique à travers plusieurs réformes ambitieuses. La généralisation des « écoles pionnières » constitue l’une des initiatives phares de cette rentrée. Près de 2.000 nouvelles écoles primaires publiques seront intégrées à ce programme dès septembre 2024. Ce projet a pour but de créer des environnements d’apprentissage favorables, où la qualité de l’enseignement est renforcée, offrant ainsi des chances égales à tous les élèves, indépendamment de leur milieu social.

En parallèle, une autre initiative importante verra le jour avec l’introduction des « collèges pilotes ». Ce modèle éducatif innovant sera déployé dans environ 230 établissements à travers le pays, touchant ainsi près de 200.000 élèves. L’objectif principal de ce programme est de lutter contre le décrochage scolaire, un problème persistant au sein du système éducatif marocain. En proposant des méthodes d’enseignement adaptées et des conditions d’apprentissage améliorées, ces collèges pilotes visent à retenir les élèves dans le système scolaire et à assurer leur réussite.

Le ministère de l’Éducation met également un accent particulier sur l’enseignement des langues, avec des initiatives notables pour renforcer l’apprentissage de l’Amazighe et de l’anglais. L’enseignement de l’Amazighe sera étendu à plus de 31% des écoles primaires, une augmentation significative par rapport à l’année précédente. Ce développement s’inscrit dans une politique plus large de valorisation des langues nationales. De plus, l’enseignement de l’anglais sera généralisé dans les deuxièmes et troisièmes années du cycle secondaire collégial, atteignant ainsi 65% des établissements concernés. Cette réforme reflète l’importance croissante de l’anglais dans le cursus éducatif marocain, en ligne avec les objectifs nationaux de compétitivité internationale.

L’une des mesures les plus marquantes de cette rentrée concerne l’allégement des coûts scolaires pour les familles. Le gouvernement a décidé d’exonérer de la TVA un large éventail de fournitures scolaires, une mesure entrée en vigueur le 22 août 2024. Cette exonération couvre des articles essentiels comme les cahiers, les cartables, et les colles, ce qui permet de stabiliser, voire de réduire, les prix de ces produits. Les libraires confirment que les prix sont restés stables grâce à cette initiative, certaines fournitures ayant même vu leur coût diminuer, en partie grâce au soutien du gouvernement aux producteurs locaux.


Disparités entre secteurs public et privé
Cependant, cette mesure d’allégement fiscal ne concerne pas tous les aspects des dépenses scolaires. En particulier, les manuels scolaires importés, surtout ceux utilisés dans les écoles privées, subissent des hausses de prix significatives en raison de l’inflation. Contrairement aux manuels de l’enseignement public, dont les prix sont stabilisés grâce à des subventions étatiques, les manuels importés, notamment ceux en provenance de France, voient leurs coûts augmenter, accentuant ainsi la pression financière sur les familles ayant choisi l’enseignement privé. Cette situation met en lumière les disparités économiques qui subsistent entre les différents types d’établissements scolaires au Maroc.

La hausse des prix des manuels importés dans les écoles privées soulève des questions importantes concernant l’équité du système éducatif marocain. Alors que les familles qui choisissent l’enseignement privé sont confrontées à des coûts de plus en plus élevés, les élèves des écoles publiques bénéficient d’un soutien gouvernemental qui leur permet d’accéder à une éducation de qualité à moindre coût. Ce contraste renforce les inégalités existantes et pose un défi majeur pour l’avenir de l’éducation au Maroc.

En outre, la rentrée scolaire 2024-2025 est également marquée par des préoccupations liées à la participation des enseignants au recensement national de la population et du logement, prévu pour le mois de septembre. Bien que le Haut-Commissariat au Plan ait assuré que seulement 32% des participants au recensement seraient des enseignants, l’absence potentielle de ces derniers des salles de classe suscite des inquiétudes quant à l’impact sur le processus éducatif. Les familles marocaines redoutent que cette situation n’affecte la qualité de l’enseignement et les résultats scolaires des élèves.

Le ministre de l’Éducation, Chakib Benmoussa, a également été critiqué pour avoir exclu les enseignants des grandes écoles du recensement, tout en permettant à d’autres fonctionnaires des institutions publiques d’y participer. Cette décision a soulevé des questions quant à la gestion équitable des ressources humaines dans le secteur éducatif, bien que le ministère ait traité ces critiques avec discrétion.

Cette année, le gouvernement a mis en place un programme d’aide sociale directe destiné aux enfants scolarisés. Les montants attribués sont de 200 dirhams pour chaque enfant en école primaire et au collège public, et de 300 dirhams pour chaque enfant au lycée public, avec un plafond de six enfants par famille. Ces aides, qui visent à protéger contre les risques liés à l’enfance, seront versées une fois, au mois de septembre de chaque année. Toutefois, certains ménages estiment que cette aide est insuffisante, en raison de l’inflation qui a considérablement affecté le pouvoir d’achat des Marocains.

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