Le dialogue social peine à reprendre
Le dialogue social continue de butter depuis plus de cinq ans sur les désaccords entre le patronat et le syndicat.
Le roi Mohammed VI avait insisté dans son discours du Trône du 29 juillet 2018 sur la nécessité de faire aboutir le dialogue social, et ce en tenant compte de l’intérêt supérieur du pays et en faisant preuve de «sens des responsabilités et d’esprit de consensus», selon les mots qu’il avait utilisés.
Il faut dire que ce mécanisme, instauré pendant l’été 1996 pour prévenir les grèves et garantir aussi bien les intérêts des travailleurs que ceux des entreprises, butte depuis l’arrivée au pouvoir du Parti de la justice et du développement (PJD) en janvier 2012 sur les désaccords entre les centrales syndicales et le patronat; les premières exigeant une augmentation des salaires d’au moins 600 dirhams couplée à une majoration de 10% du salaire minimum afin d’accompagner la hausse globale du coût de la vie, tandis que le second arguait de la nécessité de protéger les entreprises et leur compétitivité en maintenant des coûts du travail relativement réduits. Une équation à au moins deux inconnues que ni le précédent Chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, ni son successeur, Saâd Eddine El Othmani, n’ont pu résoudre.
Ce dernier a bien tenté d’instaurer, à partir du mois de février 2018, des négociations dans le cadre de trois commissions distinctes chargées respectivement de l’amélioration des revenus, de l’examen des législations du travail et des libertés syndicales et de l’examen des questions liées à l’administration publique (en plus d’une commission préparatoire chargée de mettre en place les plans de travail de chacune de ces commissions), mais les syndicats s’y sont fermement opposés. Pour eux, les droits sociaux représentent un package entier dont les éléments ne peuvent être séparés les uns des autres.
Assurer le suivi et l’aboutissement
M. El Othmani ne semble néanmoins pas avoir trouvé d’autre moyen pour faire aboutir le dialogue social, et au lieu de commissions, il veut cette fois instaurer des groupes de travail chargés d’assurer le suivi et l’aboutissement des dossiers prioritaires (emploi des jeunes, encouragement des PME et des entreprises innovantes, simplification des procédures, réduction des délais de paiements, facilitation de l’accès à la commande publique et renforcement des programmes de formation).
Le premier de ces groupes, consacré à l’examen des propositions de mesures en faveur de l’entreprise et du climat des affaires dans le cadre de l’élaboration du projet de loi des finances, a été mis en place lors de la réunion qu’a eue le Chef du gouvernement avec le président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), Salaheddine Mezouar, le vendredi 7 septembre au siège de la primature dans la ville de Rabat. Des groupes de travail similaires devraient, en principe, bientôt suivre, en mettant cette fois à contribution les syndicats, mais encore faut-il que ces derniers acceptent d’y siéger. Au regard du discours adopté par eux à l’endroit du gouvernement, il est permis d’en douter...