Le pouvoir algérien utilise les mesures de confinement comme prétexte pour restreindre la liberté d’expression et museler les voix dissidentes dans le pays, alerte le Parlement européen. Et, pour détourner l’attention sur “sa cuisine interne’’, il fomente encore des opérations de propagande anti-marocaine.
Même en cette période de crise sanitaire caractérisée par des incertitudes et de l’anxiété, les services algériens ne ratent pas une seule occasion pour détourner l’attention de l’opinion publique internationale sur les exactions et les répressions que subissent journalistes et activistes algériens, en en menant depuis le début de la crise une véritable opération de désinformation à grande échelle visant le Maroc, son image, sa stabilité politique et son Sahara.
La dernière manigance en date, pour respecter le cheminement chronologique, fut une tentative vaine voire enfantine de provoquer un incident diplomatique entre le Royaume et l’Algérie officielle. Il s’agit d’une vidéo trafiquée à la 30ème seconde suivant la première minute, qui a circulé à grande échelle sur les réseaux sociaux et a fait les choux gras d’une partie des médias algériens et un réseau d’influenceurs de réseaux proches du pouvoir algérien, mercredi 13 mai 2020, et qui attribuent au Consul général du Maroc à Oran, Boutaher Aherdane, une déclaration qui qualifie l’Algérie de «pays ennemi».
Contactée par Maroc Hebdo, une source autorisée au ministère des Affaires étrangères a assuré que cette vidéo est en partie authentique, documentant une réunion le lundi 11 mai devant le consulat général à Oran entre M. Aherdane et des Marocains venus demander des explications sur les nouveautés relatives à la procédure de leur rapatriement au Maroc, tandis que la deuxième partie a été truquée dans ce sens où l’on a glissé une phrase en la montant pour paraître sortant de la bouche du consul général: «Nous sommes dans un pays ennemi». La même source assure que l’ambassadeur du Maroc à Alger a expliqué que la vidéo en question a fait l’objet d’un montage pour faire tenir au diplomate des propos qu’il n’a proférés à aucun moment.
Propagande anti-marocaine
A cette intox s’est greffée l’hystérie de certains hauts responsables algériens ces derniers jours vis-à-vis du Maroc, en réaction à l’annonce d’ouvertures successives de représentations consulaires de pays frères et amis à Laâyoune. Et même bien avant. Petit rappel. Lors de manoeuvres militaires de l’armée algérienne et du Polisario, tenues entre le 14 et le 16 mars 2016 à la frontière du Maroc, à Tindouf, le général Saïd Chanegriha, aujourd’hui chef de l’Etat-major de l’armée algérienne et n°1 du régime, avait déclaré que le Maroc est un «ennemi des Sahraouis et de l’Algérie ». Dans sa même tirade à la violence inouïe, il avait qualifié le Sahara marocain de «territoire injustement spolié par le tyrannique occupant marocain ».
Voire même en plein milieu d’une pandémie meurtrière, l’Armée nationale populaire algérienne a organisé des manoeuvres militaires à balles réelles supervisées au plus haut niveau aux frontières du Maroc. Le général Chanegriha avait lié à l’occasion de ces manoeuvres la bande frontalière avec le Maroc à «tous les fléaux et menaces » pour l’Algérie.
Mais la flèche qui ne tue pas provoque des séquelles. C’est ce que pensent les séparatistes et leurs commanditaires algériens. Heureusement que le ridicule ne tue pas. S’il faut reconnaître une qualité délétère aux services algériens, c’est qu’ils ne se fatiguent pas, si c’est pour fomenter, comme ils savent très bien le faire, ces derniers jours en inventant un document intitulé «rapport du comité scientifique du Bundestag » qu’ils attribuent au Bundestag (Parlement allemand) et qu’ils ont présenté comme une position allemande sur le Sahara marocain.
Cette énième embuscade médiatique a été montée par «Western Sahara Ressources Watch», financé par Alger et opérant, à partir de Bruxelles, toutes les opérations de propagande anti-marocaine. Cette fois, ils ont eu pour complice la députée allemande Katja Keul, une pro Polisario engagée. Le Bundestag dispose d’un service de documentation qui produit des notes à usage interne à la demande des députés sur une question d’actualité, souvent pour préparer une visite, une intervention, un texte de loi ou une motion. Ce rapport a été produit en mars 2019 à la demande de Katja Keul pour servir à produire une motion contre le Maroc. En vain. Cette motion a été étouffée dans l’oeuf par le Parlement allemand en raison de son caractère fallacieux.
Multiples violations
Et comme ces «petites» manigances, d’une bassesse écoeurante, toutes tombées à l’eau, finissent par se retourner contre eux, le Parlement européen vient de signaler, cette semaine encore, que la situation des droits de l’Homme en Algérie est fort préoccupante et que le pouvoir algérien ne peut utiliser les mesures de confinement comme prétexte pour restreindre la liberté d’expression et museler les voix dissidentes dans le pays. Dans une question parlementaire adressée le mercredi 29 avril 2020, le Parlement européen interpelle la Commission européenne sur l’instrumentalisation par le pouvoir algérien des mesures de confinement pour tenter de restreindre l’expression du «mécontentement dans le pays» en lien avec une situation politique «en suspens».
La Commission est appelée d’ailleurs à préparer sa réponse à ce sujet. Cet appel a émané d’une eurodéputée espagnole du groupe des Libéraux, Renew Europe, fondé en 2019. Ce groupe centriste de l’actuelle majorité auquel appartient le président du Conseil Européen, Charles Michel, adopte généralement des positions mesurées. L’intervention de l’eurodéputée espagnole María Soraya Rodríguez Ramos s’inscrit en effet dans la continuité d’une série de critiques véhémentes formulées par le Parlement européen à l’encontre du régime algérien.
En novembre 2019, des groupes politiques pourtant opposés, socialistes et conservateurs, se sont unis pour rédiger une résolution du Parlement européen dénonçant les multiples violations des droits humains et des libertés individuelles qui ont cours en Algérie. Ces violations des droits humains sont décrites très précisément dans le texte sans concession de la résolution qui détaille nommément l’emprisonnement arbitraire de journalistes, les persécutions envers les minorités, ou encore la répression violente du régime envers les contestataires du Hirak notamment des traitements inhumains ayant entraîné la mort en détention de manifestants battus «sauvagement».
Pire encore, début avril 2020, l’eurodéputée belge et ancienne journaliste Frédérique Ries a interpellé la Commission européenne sur l’attitude irresponsable de l’Algérie à l’égard des camps de Tindouf et de sa faillite à garantir la protection sanitaire des populations séquestrées par le Polisario sur son sol et dont elle a pourtant la responsabilité.
Il ne faut pas être un génie en sciences politiques pour comprendre cette recrudescence des positions algériennes hostiles à l’égard du Maroc et du Roi Mohammed VI dont les décisions proactives visant à faire face à la propagation du coronavirus ont suscité l’admiration de par le monde. Tout d’abord, le mouvement de contestation algérien «Hirak» n’abdique et ne fléchit pas même après près d’un an et demi. Au contraire, les contestataires persistent et signent en demandant le départ des symboles du pouvoir en place, à leur tête le président Abdelmajid Tebboune, contesté avant, pendant et après son élection. Ils dénoncent en outre la mainmise de l’armée sur les ressources naturelles qui ne profitent pas à la population.
Deuxième événement fâcheux qui taraude l’esprit du président Tebboune et duquel il cherche désespérément à détourner l’attention de la rue algérienne depuis quelque temps, c’est l’implication de son fils Khalid dans une sale affaire de corruption. Celui-ci a été acquitté au moment où d’autres responsables ont été condamnés à de la prison ferme dans le cadre de la même affaire.
Protection sanitaire
En l’espace de quatre mois après son investiture, le nouveau Président algérien a «craché» une dizaine de déclarations où il s’en prend à l’intégrité territoriale du Maroc. Deux peuvent en résumer l’animosité pour le Maroc. «Je souligne clairement que le Sahara occidental relève d’une question de décolonisation qui est entre les mains des Nations unies et de l’Union africaine», en date du 12 décembre 2019. Puis, le 4 mai 2020, lors du Sommet virtuel du NAM, il a appelé à une réunion urgente du Conseil de sécurité de l’ONU en vue d’adopter des résolutions relatives à l’arrêt immédiat des hostilités dans le monde, en particulier au Yémen et en Libye, «sans perdre de vue les territoires vivant sous l’occupation comme la Palestine et le Sahara occidental». Somme toute, Tebboune est dans de mauvais draps à l’instar de l’establishment qui tient les ficelles du pouvoir. Une réalité saute aux yeux: le peuple algérien est désabusé.