ENFIN, EL OTHMANI SE CONCERTE !

LE CHEF DU GOUVERNEMENT APPELLE À LA MOBILISATION GÉNÉRALE POUR L’APRÈS 10 JUIN

Depuis 70 jours, M. El Othmani pensait que le fait d’impliquer les partis politiques et les syndicats n’était pas indispensable. Aujourd’hui, il change d’avis. Mais ces déclarations trahissent la portée symbolique de ces intentions.

Le Maroc a réussi jusque-là à éviter le pire en maîtrisant la propagation de la pandémie du coronavirus sans appeler à la mobilisation des partis politiques et de la société civile, ce qui va à l’encontre de l’approche participative prônée par la Constitution de 2011. Mais pour l’après 10 juin prochain, date de fin de la troisième phase de confinement, le gouvernement fait appel à la mobilisation de ces deux acteurs de la vie publique. Finalement, le Chef de gouvernement, Saâd Eddine El Othmani s’est rendu compte qu’il devrait se concerter avec les parties politiques, les syndicats et la société civile dans la prise de décisions importantes. Depuis 70 jours, il pensait que le fait de les impliquer n’était pas indispensable.

Aujourd’hui, c’est indispensable: «La mobilisation globale des forces vives de la nation tant au niveau des partis politiques, des syndicats et de la société civile est indispensable pour réussir la phase de l’après 10 juin prochain dans la lutte contre la pandémie de coronavirus, a-t-il déclaré mercredi 27 mai 2020 à Rabat lors d’une réunion de concertation en vidéo-conférence avec les chefs de partis politiques représentés au parlement.

Approche participative?
Mais une deuxième déclaration de M. El Othmani trahit la portée symbolique de la première. «Le Maroc a réussi à éviter le pire et saura dépasser avec succès la prochaine étape comme ce fut le cas dans la précédente phase», a-t-il souligné. La tournure de la phrase, l’emploi d’un temps précis des verbes et le choix des mots sont loin d’être fortuits ou anodins.

Ils renseignent sur un ton de certitude que le succès de l’étape suivante sera au-rendez-vous comme auparavant, avec ou sans le brainstorming des partis politiques, des syndicats et de la société civile. Dans la suite de ces idées, M. El Othmani a affirmé que ce processus de dialogue devrait se poursuivre avec les forces nationales, notamment les syndicats et les associations, afin d’être à l’écoute et de débattre du plus grand nombre possible de points de vue et de propositions sur la manière de gérer l’assouplissement des mesures de confinement au cours de la prochaine étape.

L’écoute, d’abord, ne doit pas être occasionnelle. C’est un processus continu dans le temps. C’est une attitude qui dénote d’un style de gouvernance participatif mais qui n’ôte pas le pouvoir décisionnel. C’est un enrichissement et une manière de voir le même dossier de plusieurs angles.

Et puis, pour terminer sur une note positive, M. El Othmani a eu le mérite, par son initiative, de réveiller de leur sommeil les partis politiques et les syndicats. Les premiers ne se sont manifestés durant cette crise que pour se positionner par rapport à un projet de loi et en faire une campagne électorale avant l’heure. Les seconds ont fait une apparition furtive dans le dossier du prélèvement des 3 jours des salaires des fonctionnaires. Somme toute, aux uns et aux autres, l’esprit de la Constitution de 2011 ne doit pas être mis en veilleuse même en période d’état d’urgence.

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