Près des deux tiers des enfants marocains incapables de lire ou comprendre un texte en arabe

LE RAPPORT CHOC DE LA BANQUE MONDIALE

Si le taux de pauvreté d’apprentissage, correspondant au pourcentage d’enfants ne pouvent ni lire ni comprendre un texte simple à dix ans, est de 66% au Maroc, le rapport de la Banque mondiale déplore aussi un “faible niveau de possession d’ouvrages de littérature pour enfants dans les foyers”.

C’est tout sauf attendu. Au Maroc, le pourcentage d’enfants qui ne sont pas capables de lire et de comprendre un texte simple à l’âge de 10 ans est de 66% (70% en Égypte, 65% en Tunisie). Voilà ce qui ressort du rapport de la Banque mondiale, intitulé «Faire progresser l’enseignement et l’apprentissage de la langue arabe, un chemin vers la réduction de la pauvreté d’apprentissage au Moyen- Orient et en Afrique du Nord», publié le 29 juin 2021.

La situation au Maroc est particulièrement inquiétante. Le constat remet en cause tout ce qui a été avancé à présent sur l’arabisation de l’enseignement au Maroc. Car, au final, le gros des enfants scolarisés ne savent ni lire ni comprendre l’arabe. Pour décrire ce phénomène, les experts de l’institution de Breton Woods évoquent le concept de taux de pauvreté en matière d’apprentissage.

Selon le rapport, ce taux de pauvreté d’apprentissage est calculé à l’aide des résultats des évaluations internationales des élèves, principalement l’Etude internationale sur la maîtrise de la lecture (PIRLS) de 2016 dans les pays de la région MENA, ajustée pour le pourcentage d’enfants non scolarisés. «Les résultats d’autres évaluations nationales et internationales confirment que les élèves de la région manquent de compétences de base en lecture, écriture et calcul depuis les premières années jusqu’à l’école secondaire », lit-on dans le document.

Compétences de base en lecture
Les experts de la Banque mondiale constatent un «faible niveau de possession d’ouvrage de littérature pour enfants dans les foyers». Au Maroc comme en Arabie saoudite, plus de 60% des élèves de quatrième année avaient moins de 10 livres pour enfants à la maison. Un taux qui reste «au-dessus de la moyenne des pays participants au PIRLS 2016, de 19%», explique t-on.

Ce n’est pas la seule raison de ce constat, au Maroc, «seulement 9% des enfants » fréquentaient une école dotée d’une bibliothèque bien fournie. L’étude révèle aussi que «64% des étudiants n’ont jamais (ou presque jamais) amenés à lire des livres de fiction avec des chapitres pendant les cours», dans le Royaume.

Quelle responsabilité assument les parents? «Même sans tenir compte de l’exposition aux livres ou de la lecture aux enfants, le développement du langage oral (en dialecte) est une préoccupation pour de nombreux enfants de la région MENA», déplore l’institution. «Dans certains cas, les parents parlent rarement avec leurs jeunes enfants, étouffant ainsi le développement du langage oral», souligne l’institution financière.

Ainsi, le rapport indique qu’au Maroc, 21% des parents n’ont jamais ou presque jamais parlé avec leurs enfants en âge préscolaire de ce qu’ils avaient fait (contre une moyenne mondiale de 4%), alors que 35% n’ont jamais ou presque jamais parlé avec leurs enfants en âge préscolaire de ce qu’ils avaient lu (contre 12% à l’échelle internationale).

Le rapport, qui déplore également que «seulement 42% des enseignants de 4e année ont une licence ou plus» au Maroc. Un constat somme toute alarmant face auquel le département de l’Education nationale devrait être réceptif.

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