S’il faut choisir entre Macron et Le Pen, les Marocains préfèrent de loin Macron. Au cas où il serait reconduit le 24 avril, il devra impérativement revoir les liens politiques de Paris avec Rabat.
Le président français sortant, Emmanuel Macron, demeurera-t-il au perchoir? A coup sûr, il garde toutes ses chances d’être réélu. Il est arrivé en tête avec 27,84% des voix, à l’issue du 1er tour des élections présidentielles, le 10 avril 2022. Le candidat LREM (La République En Marche) va devoir affronter au second tour Marine Le Pen, du Rassemblement National, figure emblématique de l’extrême droite, arrivée deuxième au classement avec 23,15% des suffrages. Quant au sympathique et charismatique Jean-Luc Mélenchon, natif de Tanger, il s’était classé à la troisième place avec 21,95% des voix. Il est incontestablement le président de coeur de beaucoup de Français dont ceux du Maroc. S’il faut choisir entre Macron et Le Pen, les Marocains préfèrent de loin Macron. Au cas où il serait reconduit pour un deuxième mandat le 24 avril prochain, il devra impérativement revoir les liens politiques de Paris avec Rabat.
Durant son quinquennat, les liens économiques forts entre les deux pays se sont maintenus, certes, mais pas au point de permettre à l’Hexagone de reconquérir sa place de premier partenaire commercial et économique que l’Espagne s’est dûment arraché avec mérite. Durant ce même quinquennat, les rapports politiques s’étaient imprégnés d’un certain froid. Et au lieu de faire fondre la glace, le locataire de l’Élysée a fermé les yeux sur l’invraisemblable scandale Pegasus, l’été dernier, quand les Français ont accusé le Maroc d’espionner plusieurs personnalités françaises, dont le président lui-même.
Et comme si ce n’était pas suffisant, M. Macron a sorti le dossier des mineurs des tiroirs, un sujet de désaccord autour duquel les deux parties avaient des points de vue peu ou prou divergents. D’abord, les deux pays ne s’accordaient pas sur leur nombre réel. Ils sont ainsi estimés à 40.000 mineurs sans-papiers d’après l’Assemblée des départements de France, au moment où le ministère de l’Intérieur avançait, lui, un chiffre de 16.000 mineurs. Mais le gros du problème réside dans l’instrumentalisation de ce dossier, notamment par les classe politique et la presse de l’Hexagone. Les médias leur imputent souvent la hausse de la délinquance. Au lieu de trouver un terrain d’entente, l’Elysée a agi avec condescendance sur de dossier épineux et a réduit de moitié, en guise de ‘’sanction’’, le nombre de visas octroyés aux ressortissants marocains.
Mais, en dehors de ces bourdes, le Maroc ne peut négliger l’importance d’un partenaire de premier choix comme la France, septième puissance économique dans le monde, membre du Conseil de sécurité, puissance nucléaire, une force d’influence en Afrique et ailleurs... C’est dire combien il est difficile d’ignorer les élections présidentielles françaises. En famille, dans les cafés ou sur les réseaux sociaux, les Français tout comme les Marocains croiseront les doigts le 24 avril. Les uns rêvent d’une France plus accueillante, les autres d’un pays d’accueil plus hospitalier. L’élection du président de la République française nous concerne également.