Élections 2021: Quel avenir pour le PJD?

Comme l’a souligné la députée de la formation islamiste Amina Maelainine, les siens ont fait l’objet d’un véritable vote sanction. Le changement de direction désormais annoncé pourrait toutefois ne pas suffire à relancer la machine du parti.

Avec désormais treize sièges seulement, le Parti de la justice et du développement (PJD) dispose d’à peine un siège de plus que lors de la législature ayant fait suite aux législatives du 14 novembre 1997 et qui avait été la première de son histoire. Et encore, la Chambre des représentants ne comprenait à l’époque que 325 députés, contre 395 depuis novembre 2011, sans compter un quotient électoral qui n’était pas forcément favorable aux petits partis.

Sur le plan comptable en tout cas, la formation islamiste traverse, pour ainsi dire, le pire moment depuis sa création en juin 1998 -c’est sous le label du Mouvement populaire démocratique et constitutionnel (MPDC), une scission du Mouvement populaire (MP), qu’il avait pris part à ses premières joutes électorales-, et c’est sans doute la moindre des choses que son secrétariat général ait ce jeudi 9 septembre 2021, au lendemain même des élections, présenté sa démission.

Un changement de direction, s’il était confirmé au cours de l’incontournable congrès extraordinaire à venir, saurat- il toutefois suffire à relancer le parti? On peut en douter, et il y a fort à parier que le PJD pourrait très bien ne plus jamais se retrouver, à l’avenir, à la tête d’un gouvernement, tant il semble désormais exister un gap béant aussi bien entre lui et ses autres concurrents -le président du Rassemblement national des indépendants (RNI), Aziz Akhannouch, n’a, à ce titre, pas sans raison insisté qu’il ne s’allierait qu’avec les partis partageant les valeurs des siens- qu’avec la population.

Vote sanction
Car comme l’a souligné, dans une publication sur le réseau social Facebook, la députée PJD Amina Maëlaïnine, il s’est rien de moins agi là d’un vote sanction que seulement d’un appui au projet du RNI et des autres partis arrivés devant. En substance, les Marocains se sont sentis leurrés, eux qui avaient cru que le parti viendrait mettre fin à la corruption et à la rente tandis qu’il allait, en fin de compte, se contenter de publier les noms de sociétés bénéficiant d’agréments de transport ou d’exploitation des carrières de sable, de même que le PJD se verra une nouvelle fois accorder, le 7 octobre 2016, le bénéfice du doute, des centaines de milliers de citoyens estimant que son secrétaire général d’alors et Chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, faisait vraiment face à un complot ourdi par l’Administration pour exercer sa mainmise sur le jeu politique.

Ce qui s’est également avéré par la suite faux, le PJD n’ayant, en vérité, rien d’autre à offrir que de beaux discours, quand il ne bloquait pas les réformes portées par le roi Mohammed VI. Et ce que l’on peut dire de lui s’applique, par ailleurs, à l’ensemble des partis islamistes de la région arabe, aujourd’hui grandement vomis par la population que ce soit en Tunisie (Ennahda), en Égypte (Parti de la liberté et de la justice, PLJ) ou au Soudan (Congrès national).

Ce qui fait que même avec M. Benkirane, que certains PJDistes voudraient désormais voir revenir non sans que le principal concerné fasse quelque chose pour se déclarer “out”, l’élection du 8 septembre 2021 aurait probablement connu le même résultat. Plus que d’idéologues, le Maroc a surtout besoin, en ce moment, de partis pratiques ayant pour vocation de mettre en oeuvre son nouveau modèle de développement (NMD) et lui permettre enfin, après des années à porter cette ambition, d’émerger.

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