ELALAMY CRIE VICTOIRE

ALE MAROC-TURQUIE


Moulay Hafid Elalamy et Ruhsar Pekcan, ministre turquedu Commerce. Le 15 janvier 2020 à Rabat.

Après plusieurs mois de pressions et même de la menace de “déchirer” l’accord de libre-échange les liant, Rabat a finalement eu gain de cause et obtenu de la Turquie que 1.200 de ses produits soient désormais imposés.

En dévoilant, le 24 septembre 2020, au Conseil national de l’entreprise (CNE) la phase 2021-2023 de son plan d’accélération industrielle, le ministre de l’Industrie, Moulay Hafid Elalamy, insistait sur la nécessité qu’il y a selon lui à maintenir le cap libre-échangiste pris depuis près d’un quart de siècle par le décideur, en dépit d’un déficit qui, pendant ce temps, est devenu endémique (taux de couverture des importations d’à peine 57,4% en 2019, par exemple).

Car il en va, à en croire le concerné, de l’encouragement des investissements. Une seule exception, ceci dit, à savoir la Turquie, avec qui un accord est en vigueur depuis janvier 2006 et qui, tout en servant dans les réserves de changes nationales à un rythme de plus en plus soutenu -à hauteur de 19,5 milliards de dirhams (MMDH) en 2019, soit plus que le quadruple du niveau d’il y a quinze ans-, ne dépasse même pas le 1% du total des investissements effectués chaque année au Maroc.

Nouvelles dispositions
C’est ainsi dans l’ordre des choses, si l’on peut dire, que le gouvernement ait, ce 8 octobre, approuvé l’amendement de l’accord que Rabat et Ankara avaient signé le 24 août, après plusieurs mois de pressions de la part du Royaume et même la menace, si la capitale turque n’obtempérait pas, de le “déchire[r]”, comme le déclarait M. Elalamy à la Chambre des représentants, le 13 janvier. Cet amendement couvre, au total, quelque 1.200 produits.

Parmi ces produits, principalement, ceux du textile et de l’habillement, qui en plus de contribuer eux aussi à creuser le déficit commercial ont carrément tué, selon de nombreux industriels de la place, l’industrie nationale du textile. La désormais ex-secrétaire d’État au Commerce extérieur, Rkia Derham, avançait dans ce sens, en janvier 2019 également à la première chambre du parlement, que le nombre d’emplois perdus en 2017 déjà atteignait les 44.000 dans cette industrie. Chiffre qui, comme on peut l’imaginer, a dû davantage augmenter, entretemps.

Autre point d’achoppement désormais aplani, celui de l’acier, sur lequel les entreprises turques ont été directement accusées par le Maroc d’activités de dumping; la chose ayant notamment fait, jusqu’au mois de janvier dernier, l’objet d’une longue bataille sous les lambris de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le sidérurgiste Maghreb Steel avait même frôlé, la faillite, avant finalement d’être sauvé par le secteur financier marocain.

Les nouvelles dispositions ne couvrent toutefois que cinq ans, et, d’ici là, les opérateurs nationaux devront se mettre au diapason au risque de se retrouver pris dans le même étau. Mais pour l’heure la confiance semble de mise.

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