Effet de la pandémie de COVID-19 sur l'environnement

Quand la nature reprend ses droits

Il aura malheureusement fallu la pandémie de Covid-19 pour que Mère Nature ait voix au chapitre, et ce sans bien évidemment se faire prier par l’humanité.

Avec la pandémie de Covid-19 qui la frappe depuis la fin de l’automne, l’humanité traverse sans doute sa crise la plus grave depuis au moins la Seconde Guerre mondiale. Et si d’aucuns, à l’instar de l’économiste français Patrick Artus, vont jusqu’à prévoir à partir de là “la fin du “capitalisme néolibéral” qui avait choisi la globalisation, la réduction du rôle de l’Etat et de la pression fiscale, les privatisations, dans certains pays la faiblesse de la protection sociale”, il est en même temps des gagnants, dont peut-être Mère Nature.

En effet, cette dernière a beaucoup bénéficié, au cours des dernières semaines, des mesures de confinement prises de par la planète, notamment en Chine, foyer originel du SARS-Cov-2, le virus responsable du Covid-19, et surtout deuxième plus grand pollueur mondial. Selon des observations effectuées par l’agence spatiale américaine “NASA” (National Aeronautics and Space Administration), les gazs à effet de serre qui avaient par exemple coutume depuis plusieurs années de couvrir l’Empire du Milieu se sont dissipés à un point tel qu’ils ne sont pratiquement plus visibles sur les photos satellites. Il en est de même de la “banane bleue”, cette fameuse dorsale qui s’étend de l’Italie du Nord à la London commuter belt en passant par le bassin du Rhin, soit le coeur industriel de l’Europe, et qui se trouvait jusqu’à récemment être, avant de céder le pas aux Etats-Unis, le principal épicentre de la pandémie: elle aussi a enregistré une baisse drastique de ses émissions de gaz depuis le tournant de l’année. C’est que les pandémies comme celle du Covid-19, et ce comme le souligne l’historien israélien Yuval Noah Harari dans une tribune relayée par de nombreux médias, “accélèrent les processus historiques”.

Mauvais roman
On sait depuis plusieurs décennies que l’humanité et non la Terre, qui saura bien faire sans notre espèce comme cela a été des milliards d’années durant le cas avant notre apparition, court à sa perte, et que le scénario d’effondrement que d’aucuns prévoient, sauf changement de cap preste, relève moins du mauvais roman d’anticipation que du mektoub inéluctable. Bien avant notre époque, des civilisations que l’on pensait millénaires n’ont pas pu résister à la force d’une nature décidée à reprendre ses droits après avoir été exploitée à outrance et plus que de raison. Anasazis, Mayas, Vikings,... le géographe américain Jared Diamond y était revenu en détail dans son fameux ouvrage de 2005, “Collapse”. Pourtant, pour reprendre le célèbre mot du défunt président français Jacques Chirac au sommet de la Terre de Johannesburg de la fin de l’été 2002, “nous regardons ailleurs”.

L’accord de Paris de 2015, censé enfin apporter la bouffée d’air décisive, est d’ores et déjà lettre morte après que les Etats-Unis s’en sont retirés moins de deux ans après leur signature, et, à des rares exceptions près, les dirigeants des pays n’ont pas donné l’impression ces dernières années de faire de sa remise sur le tapis une priorité. Il aura donc malheureusement fallu le Covid- 19, avec ses dizaines voire centaines de milliers de morts, pour que la vapeur soit, au moins pour un temps, renversée, et si celle-ci ne l’est pas à titre définitif, c’est peut-être de notre disparition totale de toutes et tous qu’il pourrait être plus vite que prévu question.

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