C’est le ministre de l’éducation nationale, Chakib Benmoussa, qui a annoncé ces chiffres alarmants. Plus de 70% des élèves, issus du cycle primaire, ne savent pas lire un texte de quelques mots en arabe et en français. De même que le décrochage scolaire fait des ravages avec plus de 53% des élèves qui abandonnent l’école à l’issue du cycle collégial.
On connait la volonté et la détermination du ministre de l’éducation nationale, Chakib Benmoussa, pour la réforme de l’école publique. Après avoir présidé à l’élaboration du rapport sur le nouveau modèle de développement dont les recommandations ne sont toujours pas, hélas, intégrées dans nos politiques publiques, M. Benmoussa s’évertue à faire avancer les choses au sein d’un système éducatif paralysé par la médiocrité et la chute spectaculaire du niveau scolaire chez les élèves. Et ce ne sont pas les organisations s’intéressant à l’enseignement ou encore les cabinets d’évaluation qui font le constat d’échec de l’école publique, mais le ministère de l’éducation lui-même qui avait annoncé des chiffres alarmants concernant le niveau académique des élèves et la problématique de l’abandon scolaire.
D’après les chiffres récents du ministère, près de 77% des élèves, issus de la sixième année primaire, sont dans l’incapacité de lire un texte de 80 mots en arabe. Le pourcentage est presque le même pour la lecture d’un texte d’à peine 15 mots en français. Non seulement les statistiques sont choquantes mais elles reflètent assurément un système éducatif public aux abois, qui est symbolisée par une école publique totalement en faillite. Les ministres se succèdent au département de l’éducation nationale, mais la situation de l’école publique semble toujours similaire sinon elle recule d’année en année. Le constat d’échec ne s’arrête pas là.
Système éducatif dépassé
Au niveau des élèves de la 5ème primaire, 87 % d’entre eux sont incapables de terminer une division simple. Les experts attribuent ces chiffres alarmants par la baisse du niveau académique et pédagogique des enseignants, qui ne cesse de se dégrader, ainsi que les classes surpeuplées. Pour beaucoup, ces deux facteurs ont été aggravés par la pandémie du Covid qui a imposé, pendant deux années successives, un système d’enseignement à distance, qui a accentué la médiocrité des apprentissages, quand on connait l’importance du système présentiel pour l’amélioration de la compréhension chez les élèves. Le ministère avait tenté de programmer des séances de rattrapage et de soutien pour les élèves en difficultés, mais la bureaucratie et le manque de moyens ont empêché les établissements scolaires à le mettre en place. Autre phénomène catastrophique : l’abandon scolaire.
Les chiffres sont tout simplement hallucinants. Ainsi, environ 53% des élèves quittent l’école à l’issue du collège et 24% au lycée. Dans l’ensemble, pour les trois cycles (primaire, collège, lycée), le ministère a recensé environ 334 664 abandons au titre de l’année scolaire 2021-2022 contre 331 558 pour l’année 2020-2021. Au sein du département, on explique ces abandons par les exclusions décidées par les conseils de classes.
Mais le ministère a tenté de rectifier le tir en récupérant environ 66 000 élèves grâce à une note ministérielle diffusée en septembre 2022, qui a obligé les établissements scolaires à réintégrer les élèves exclus. Mais ce n’est pas pour autant que le phénomène va s’estomper. A cause d’un système éducatif dépassé, un corps enseignant constamment en grève et des conditions scolaires dégradantes, l’école publique ne produit plus que des chômeurs. Jusqu’où ira-t-elle ? Alors que le ministère vient d’annoncer la généralisation de la langue anglaise dans le collège, il est d’abord et avant tout nécessaire de réformer le système actuel de l’école publique. Une réforme qui consiste à effacer ses failles ou au moins minimiser leur ampleur.