L'école se préoccupe peu des changements climatiques

Les systèmes éducatifs doivent être en mesure de contribuer au mieux aux débats sur la transition écologique

Au moment où la crise climatique et environnementale est au coeur du débat public et figure tout en haut des préoccupations des citoyens, ni les systèmes éducatifs dans leur ensemble, et encore moins certaines recherches scientifiques notamment celles des économistes, ne semblent afficher un intérêt à la hauteur des défis du changement climatique.

En effet, seule la moitié des programmes scolaires dans le monde fait référence au changement climatique, comme le signale l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), qui n’a pas manqué de sonner l’alerte, à quelques jours de la première réunion conjointe des ministres de l’Environnement et de l’Éducation prévue le 5 novembre à Glasgow, à l’occasion de la COP 26.

Selon la principale agence des Nations unies pour l’éducation, «les systèmes éducatifs ne répondent pas à la gravité de la crise climatique». Ainsi, les dernières statistiques de l’Unesco, issues de 100 pays, montrent que seuls 53% des programmes d’enseignement nationaux dans le monde font référence au changement climatique et que, lorsque le sujet est mentionné, il se voit presque toujours relégué au second plan.

Quant à la contribution de la majorité des économistes au débat sur la crise climatique et environnementale, il parait des plus limité. Ce désintérêt est d’autant plus étonnant que la crise climatique n’est plus considérée comme la crainte d’un avenir incertain, mais une réalité mondiale.

Comme il n’y a pas de solution sans éducation, il n’y a pas également de solution si les économistes ne font pas un effort pour comprendre le changement climatique et être en mesure de contribuer au mieux aux débats sur la transition écologique. Transition tant attendue pour dépasser la crise actuelle. Or, bien qu’ils soient conscients du décalage entre leurs travaux et les recommandations du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec), la majorité d’entre eux n’arrivent pas à établir une distance critique de leurs théories économiques utilisées, en vue de participer à un véritable dialogue entre économistes et les chercheurs en sciences sociales et autres spécialistes des sciences de la nature.

Tant qu’ils continuent à suivre une approche réductionniste des interactions entre économie et environnement, ils ne pourront contribuer au mieux aux débats sur la transition écologique. Sans preuve d’ouverture théorique, et d’interdisciplinarité, ils continuent jusqu’ici à privilégier une approche standard qui utilise l’indicateur monétaire comme seule mesure de la richesse en s’efforçant d’y faire entrer la nature sous forme de «capital naturel», ce qui présuppose de traduire les réalités physiques en réalité monétaire, comme dans le cas du «coût du changement climatique»: ce coût étant évalué en variations du produit intérieur brut (PIB).

Mais cette traduction est tout sauf neutre. Car les variations du PIB sont par définition réversibles- les pertes d’aujourd’hui peuvent être compensées demain- alors que les phénomènes comme le changement climatique ne le sont pas.

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