Chronique de Driss El Fahli : Dystopie

La population de Gaza vit son quotidien dans la pauvreté, la violence et l’incertitude.

Une dystopie est un genre littéraire qui décrit un monde imaginaire fondamentalement répressif. Elle est utilisée pour explorer les dangers des systèmes totalitaires, dénoncer les dangers de la technologie, de l’impérialisme des médias ou ceux de la violence comme exécutoire du mal de vivre. Le roman Fahrenheit 451 de Ray Bradbury est du genre dystopique. Il décrit un monde où les livres sont interdits et où la mission des pompiers est de les brûler. Publié en 1953, il est toujours d’actualité. Les éléments qui font de Fahrenheit 451 un roman dystopique sont toujours présents: des gouvernements totalitaires qui contrôlent tous les aspects de la vie des citoyens par crainte de pensée critique ou de liberté d’expression qui pourrait menacer le pouvoir. Des censures qui interdisent tout encouragement de pensée créative ou de contestation légitime. Des manipulations par messages de propagande qui utilisent la technologie et les médias pour contrôler les émotions des citoyens. Ce roman met en garde contre les dangers du totalitarisme et de la censure. Il rappelle que la pensée critique et la liberté d’expression sont des valeurs qui doivent être défendues. On peut citer d’autres romans dystopiques comme “1984” et “La ferme des animaux” de George Orwell. Maintenant que le côté littéraire est clair, que vient faire le genre dystopique dans cette chronique?


L’occupation de Gaza par Israël présente de nombreuses situations dystopiques: la bande est soumise à un blocus israélien dévastateur qui limite l’accès à l’aide humaine et aux services vitaux. L’armée israélienne mène continûment des opérations militaires létales dans Gaza qui touchent de nombreuses victimes civiles et qui détruisent massivement les infrastructures et les biens des Palestiniens. La population de Gaza vit son quotidien dans la pauvreté, la violence et l’incertitude. Ces éléments dystopiques de la situation à Gaza impactent gravement des millions de personnes et constituent une forte entrave à la paix et à la prospérité dans la région. Les dernières conjectures diplomatiques inhérentes à l’étonnante visite de soutien de Biden en Israël, ont eu pour but opportun d’étreindre Netanyahou, de dédouaner Israël quant au bombardement de l’hôpital Al Ahli de Gaza et pour objectif et de pouvoir continuer soutenir Israël financièrement et militairement sans provoquer le désaveu d’une certaine population américaine. Biden, dans son souci de minimisation du risque pour la stabilité régionale, n’est pas parvenu, comme il l’escomptait, à influencer le cap vengeur de Netanyahou. Face à Israël, la grandeur des USA n’est plus ce qu’elle était.

Selon Steven Simon, auteur de “Grand Delusion: The Rise and Fall of American Ambition in the Middle East”, la vision US mise sur l’éradication espérée du Hamas et ambitionne de transférer le contrôle israélien de Gaza à une direction temporaire de l’ONU en attendant que la moribonde Autorité palestinienne renaisse de ses cendres pour prendre le relais. Beaucoup d’incertitudes viennent contrecarrer cette vision: la défaite du Hamas n’est pas garantie. Le veto onusien de la Russie et de la Chine veille au grain. Un Israël victorieux pourrait refuser toute concession aux Palestiniens. Les États arabes ne peuvent plus se rallier à une vision quelconque qui ne décolonise pas Gaza et la Cisjordanie sans provoquer l’ire de leur population. En fin d’inhumanité, Gaza, restera une dystopie éternelle avec une violence métastasée qui gangrène tout le Moyen-Orient et les États arabes. Des États de moins en moins capables de faire face à la situation et au désarroi social de leur population.

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