Ce que l’on peut dire de la politique économique, on peut le généraliser à tout: seulement, tout compte fait, des slogans creux.
Au tout début de son règne, le roi Mohammed VI mettait l’accent sur le caractère exécutif de la monarchie marocaine. “Chez nous, le Roi ne se contente pas de régner,” étayaitil, début septembre 2001, sur les colonnes du quotidien français Le Figaro.
Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. Et il y a eu surtout, au tournant de la décennie précédente, une nouvelle Constitution, dans le contexte du Printemps arabe ayant rebattu les cartes dans la région. Fut, ainsi, accéléré le chantier de la mise en place d’une monarchie parlementaire, où le Premier ministre, devenu Chef du gouvernement, n’est plus responsable que devant le parlement alors que, par le passé, il était également, comptable vis-à-vis du chef de l’État.
Et s’il est normal que, bientôt dix ans plus tard, l’on en soit encore “dans le trajet”, pour reprendre le propos de fin juillet 2019 du conseiller du roi Mohammed VI, Abdeltif Menouni, à l’Agence France-presse (AFP), le moins que l’on puisse dire est que les partis politiques nationaux ont également grandement contribué dans le fait que le schmilblick n’ait pas tant que cela avancé.
Premier de ces partis bien sûr, le Parti de la justice et du développement (PJD), comme le documente l’article publié en pages intérieures par votre serviteur, et qui, en résumé, s’est refusé à assumer les responsabilités qui lui échoient depuis plus de neuf ans qu’il dirige le gouvernement. Son ancien secrétaire général et, au passage, ancien Chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, avait même pris l’habitude, au fur et à mesure, de se dire “simple membre du conseil des ministres, que préside le Roi”: peut-être qu’ainsi il croit sincèrement bien faire, alors que beaucoup ont cherché et cherchent encore à l’opposer à l’entourage du roi Mohammed VI, mais c’est, au final, surtout pour décrédibiliser les institutions nationales.
Car cela sous-entend que le chef de l’Exécutif n’est là que pour la forme, alors que l’autre conseiller royal, Omar Azziman, avait en même temps que M. Menouni à l’AFP souligné que si “nous ne sommes pas dans une monarchie du type Espagne ou Pays-Bas”, il n’en reste pas moins que “les attributions du Roi sont délimitées”.
M. Benkirane et son successeur actuel à la tête du gouvernement et du PJD, Saâd Eddine El Othmani, ont-ils donc vraiment eu une marge de manoeuvre réduite? De quelle ampleur est le soi-disant complot des fameux “crocodiles” et “démons” à leur encontre et que feu Abderrahmane Youssoufi, du temps où il présidait aux destinées du gouvernement d’alternance démocratique (février 1998-octobre 2002), cataloguait de “poches de résistance”? Quoi qu’il en soit dans la réalité, le fait est que l’on peut très bien imaginer que même avec un autre parti, les choses se seraient pareillement déroulées à peu près, et qu’au final le Maroc se serait de toute façon vu perdre une quasi-décennie de son histoire, et peut-être plus éventuellement. Car nos formations, y compris le PJD, n’ont pas de programme, tout simplement.
Quel est par exemple, tant qu’on y est et que le débat se focalise actuellement sur la politique de relance, cette vision économique que le PJD a et qu’il n’a pas pu mettre en oeuvre? Si l’on fait le bilan, on trouve que le parti s’est, in fine, appliqué, presque scolairement, à mettre en oeuvre les recommandations du Fonds monétaire international (FMI), sans en contester les fondements pourtant contestables.
Et il n’y pas loin d’y avoir un lien entre ces recommandations et le déclenchement de plusieurs mouvements de protestations à partir de fin octobre 2016, dans la mesure où le résultat en a principalement été de démanteler davantage les services publics pour, par exemple, plus de “libre concurrence” au niveau de l’enseignement, comme tentait de le justifier, en septembre 2014, l’ancienne ministre PJD de la Famille, Bassima Hakkaoui, au Comité des Nations Unies sur les droits de l’enfant (CDE), après avoir été prise à partie par les ONG eu égard à la privatisation accrue du secteur.
Et ce que l’on peut dire de la politique économique, on peut le généraliser à tout: seulement, tout compte fait, des slogans creux. Et à ce rythme, et sans classe politique à la hauteur de l’instant, nous sommes en train de foncer à toute allure dans le mur