Domenèc Victoria : “Le Maroc a un immense potentiel dans le dessalement de l’eau et l’hydrogène vert”


Fort de 17 ans d’expérience au Maroc, Domenec Victoria, ingénieur et entrepreneur espagnol, a lancé il y a trois mois Regenera Groupe Afrique. Énergies renouvelables, eau, engrais ... cette société propose aux acteurs publics et privés marocains, des solutions complètes et à la pointe de la technologie. Objectif: répondre aux enjeux climatiques et environnementaux qui se posent de plus en plus. 


Pourriez vous nous présenter Regenera Groupe Afrique?

Regenera Groupe Afrique s’est établie au Maroc il y a maintenant trois mois, en partenariat avec trois entités, à savoir Regenera Levane, Odin S et Hidrotec. Il s’agit d’un groupement de sociétés issues du sud de l’Espagne actives dans les domaines des énergies renouvelables et du contrôle de la qualité et de la consommation de l’eau, ainsi que le gestion de l’utilisation d’engrais. Nous nous sommes intéresés au Maroc car nous y avons constaté un besoin important par rapport à ces trois domaines, qui représentent, selon nous, le présent mais aussi l’avenir.

Après trois mois de présence au Maroc, où en est Regenera Afrique?

Pour le moment, Regenra Groupe Afrique est en période de prospection. Nous œuvrons à aller vers des interlocuteurs potentiels, aussi bien dans le secteur public que privé, afin de leur présenter nos offres. À titre d’exemple, les fermes et les agriculteurs, mais aussi les jardins, les stades, les golfs pourraient bien profiter de nos solutions en matière d’eau et d’engrais. D’autant que la gestion de l’eau est un enjeu qui se pose avec acuité de plus en plus au Maroc. Nous leur proposons également des solutions dans le domaine de production d’énergies renouvelables, car nous sommes conscients que c’est un volet important alors que les coûts de l’énergie sont devenus incontrôlables en ce moment avec tout ce qui se passe dans le monde.

Comment se déclinent ces solutions, concrètement?

Par rapport à l’eau, nous proposons des stations de désalinisation des eaux de mer dans les zones côtières, mais aussi des eaux saumâtres dans les zones qui n’ont pas accès à la mer. Cela se fait par le biais de solutions ayant l’avantage d’être à la fois compactes et transportables avec des capacités de production allant jusqu’à 2.500 m3/ jour, et qui offrent la possibilité d’ajouter des unités de production supplémentaires qui se déclenchent automatiquement en fonction du besoin, pour atteindre des capacité de 5.000 ou 5.500 m3/jour. Nous proposons également à nos clients l’utilisation de technologies de pointe pour maîtriser leur consommation de l’eau, avec des outils et des méthodes reposant sur l’intelligence artificielle et l’internet des objets. Ces solutions permettent, entre autres, la gestion de l’irrigation et des serres, le monitoring des inondations et des terres agricoles, ou encore le traitement d’eau. On sait bien que le Maroc est un grand producteur et exportateur de fruits et légumes, avec des exploitations modernes disposant de capacités de production importantes, mais qui se heurtent à plusieurs problèmes comme, par exemple, l’évaporation d’eau. Notre société peut apporter son soutien à tous ces niveaux. Toutes ces solutions ont l’avantage d’être livrées clés en main et peuvent être utilisées immédiatement, sans oublier que nous proposons des services de maintenance ultérieurement.

Le dessalement d’eau est-il une solution suffisante et durable?

Le Maroc a inauguré récemment, à Agadir, une des plus grandes stations de dessalement en Afrique. Cela montre que le pays prend sérieusement cette voie. Mais je pense qu’il faut aussi accorder plus d’importance aux stations de dessalement à petites capacités, car elles constituent des solutions intéressantes pour fournir de l’eau potable aux complexes touristiques par exemple. Et puis il faut souligner que le Maroc dispose de 3.500 kilomètres de cotes maritimes et cela constitue un immense potentiel en matière de dessalement de l’eau, qu’il faut absolument exploiter.

C’est donc une voie intéressante alors que le Maroc connaît une sécheresse inédite...

Clairement. Vu que le ciel est moins généreux, les ressources souterraines subissent une pression de plus en plus importante. Et c’est là que l’optimisation et la gestion de ces eaux devient une urgence. Et ceci est une réalité mondiale qui ne concerne pas que le Maroc. D’ailleurs, le sud de l’Espagne, et précisément la région de Murcia, d’où nous venons, possède un climat assez similaire à celui du Maroc. Et ça a donné des résultats intéressants, puisque cette région est devenue une ferme gênante, notamment de fruits rouges, qui est très performante grâce aux solutions que nous apportons.

Que pensez-vous de la politique du Maroc en matière d’énergies renouvelables?

C’est juste impressionnant! Ça fait des années que le Maroc a compris l’importance des énergies renouvelables et on voit déjà les résultats concrets avec de nombreux projets d’envergure dans le solaire et l’éolien, notamment. Et le rythme de développement ne cesse de s’accélérer. Je pense surtout au projet du plus long câble maritime de transport d’électricité, qui permettra d’exporter de l’énergie verte du Maroc au Royaume-Uni. Votre pays a rapidement compris que l’avenir, c’est le solaire, l’éolien et l’hydrogène vert.Je tiens à rappeler que l’Europe a annoncé le 20 octobre 2022, un projet de pipeline pour acheminer de l’hydrogène vert entre Marseille et Barcelone. Donc, on voit bien que c’est non seulement l’avenir, mais déjà le présent. Ce choix va être très intéressant pour le Maroc, qui a déjà entamé une politique de décarbonisation, et on sait que la production d’hydrogène vert n’émet pas de carbone.

Après la phase de prospection, vous prévoyez de lancer vos premiers projets au Maroc. Quand allez-vous le faire?


Je pense que d’ici la fin de l’année, nous aurons déjà entamé nos premières réalisations. Ça fait 17 ans que je travaille sur des projets dans ces domaines-là au Maroc, et cette expérience et connaissance approfondies du pays me poussent à être optimiste. Ça nous permettra de réussir facilement à adapter nos solutions aux besoins locaux. Et puis nos associés ici au Maroc représentent un point fort qui va nous aider énormèment.

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