Tout ça pour ça !

Annoncé depuis longtemps, au moins un an et demi, le documentaire de la chaîne de télévision France 3, diffusé le jeudi 26 mai 2016, a fait “pschit”. Bof… De l’à-peu-près, du réchauffé, un montage laborieux et décousu; bref, un mauvais produit. C’est que le conducteur de départ a été bousculé, victime d’un agenda qui n’était pas prévu. Le réalisateur, Jean- Louis Perez, avait prévu de s’attacher à ce sujet: “Roi du Maroc, le règne secret“. Et, dans cette optique, il avait pris contact, notamment en février 2015, avec un certain nombre d’interlocuteurs marocains, dont Karim Tazi, Najib Akesbi et Fouad Abdelmoumni, de la mouvance de gauche. Comme pour bien faire, il a été arrêté et expulsé avec son cameraman Pierre Chautard, à cette date.
Un acte arbitraire? Pas le moins du monde, quoi qu’on en dise ici et là, parce que la loi marocaine n’avait pas été respectée. Cette équipe de France 3 devait avoir une autorisation de tournage et elle n’a pas jugé utile de la demander. Une manière de créer, avant diffusion, le “buzz” et de bénéficier, à bon compte, par anticipation, d’une médiatisation ultérieure.
Pour ce qui est de ce documentaire, le sujet s’est fracassé en août 2015, sur une autre affaire: celle des deux journalistes français, Catherine Graciet et Eric Laurent, convaincus de tentative de chantage d’extorsion de fonds dans des conditions connues de tous et qui font l’objet d’une procédure judiciaire devant le tribunal correctionnel de Paris. Prendre Catherine Graciet comme “consultante” pour qu’elle leur offre son carnet d’adresses était jugé come une bonne opération en ce que des “sources” pouvaient être de nouveau sollicitées. Quelles sources, au fait? Les mêmes aigris, en rupture de ban, hébergés ici et là, vivant d’expédients et de piges irrégulières du genre “A votre bon coeur, m’sieurs dames”.
Qui sont-ils, au fait, ces messagers de la bonne parole et de la vertu se proclamant à l’envi comme des consciences d’un peuple qui serait bâillonné, subissant la loi et les foudres de ce qu’ils appellent le makhzen? Manquent-ils d’inspiration et de sujets pour se cantonner, professionnellement, au Maroc de leur détestation qu’ils abhorrent et qu’ils s’échinent à présenter comme le temple de la mauvaise gouvernance et le sanctuaire de toutes les turpitudes de la Terre? Ils se veulent des victimes de la répression puisque la liberté d’expression leur a été refusée, arguent-ils? Faux! Ils ont largement usé et abusé de cet espace, ici et ailleurs, leurs livres n’étant l’objet d’aucune censure et continuant à être disponibles et commercialisés au Maroc même dans les étals des marchands de journaux.
Alors, quoi! Que veulent-ils et qu’espèrent- ils? S’en prendre à la personne du Roi et à sa fortune? Le délégitimer pour espérer dans le même temps la libération d’une dialectique du chaos à même de faire bouger les lignes? Mais vers quoi et pour quelle alternative? Que le cousin germain du Roi, Moulay Hicham, se prête de nouveau à ce montage laisse perplexe et fait douter de sa sagacité. Lui qui depuis une quinzaine d’années n’a, semble-t-il, comme “moteur” que le catastrophisme comme ligne d’horizon, se prête donc volontiers à une telle instrumentalisation.
Hier, c’était le “Printemps arabe”, présenté comme salvateur et accoucheur d’une nouvelle histoire; aujourd’hui, c’est une autre homélie de la même veine; demain, quoi encore? Il nous faut donc “faire avec tout ça” et continuer. Le principe de légitimité est un socle gravé dans le marbre; la construction démocratique, elle, est en chantier. Le reste est futile et médiocre. Et cela, l’intelligence des Marocains l’a bien compris!