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LE DILEMME DE GUTERRES

Le dossier du Sahara marocain à l'ONU

La situation de crise de l’Algérie depuis des mois pèse de tout son poids sur ce différend.

Comment Antonio Guterres va-t-il s’en sortir? Le secrétaire général de l’ONU doit présenter un nouveau rapport sur le Sahara marocain, le 8 octobre 2019, au Conseil de sécurité. Que peut-il avancer de bien nouveau depuis celui soumis à la même haute instance onusienne, voici six mois? Pas grandchose, assurément. C’est que le processus négociatroire est pratiquement en panne depuis la démission, pour des «raisons de santé», de Horst Köhler, alors envoyé personnel d’Antonio Guterres. Pour l’heure, aucun successeur n’a été désigné depuis cet acte de l’ancien chef d’Etat allemand, le 22 mai 2019.

Des contacts ont bien été pris, ici et là; des consultations informelles les ont accompagnés. Sans résultat. Il faut trouver un profil agréé par les quatre parties, pour commencer, autrement dit une personnalité de visibilité internationale minimale, justifiant d’une expérience affirmée et reconnue sans oublier une nécessaire crédibilité. Qui? Un Africain? Un Asiatique? Une autre origine géographique? Ce choix n’est pas neutre; il commande dans une large mesure la reprise des négociations entre les parties et, partant, les avancées à consolider en vue d’un règlement négocié.

Antonio Guterres se trouve confronté à un exercice délicat. Il faudra qu’il explique la situation actuelle. Cela suffira- t-il tant il est vrai que la désignation d’un nouvel émissaire au Sahara marocain relève de ses attributions propres? Il devra également mettre en avant ses propositions pour les mois à venir. L’on parle, dans son entourage d’une «reconduction technique» du mandat de la MINURSO pour une nouvelle période de six mois, le Conseil de sécurité ne pouvant qu’entériner cette recommandation pour éviter un «vide» aux conséquences majeures sur le cessez-le-feu observé depuis septembre 1991.

Mais pour le reste, que fait-on? C’est qu’il y a des acquis sur la table qu’on ne peut évacuer d’un trait de plume. Le premier se fonde sur les résolutions du Conseil de sécurité, surtout la dernière en date du 29 avril 2019 -la 2468. Celle-ci a repris globalement les précédentes (2414 et 2440) adoptées respectivement en avril et octobre 2018. Il en ressort que l’Algérie -citée pas moins de cinq fois- est considérée comme partie prenante alors qu’elle défendait depuis des lustres le statut d’observateur borné à son voisinage de géographie...

Le second acquis intéresse précisément l’implication du voisin de l’Est; il en est même le corollaire. C’est en effet sur cette base-là qu’a été engagée par Horst Köhler la formule de la table ronde entre les quatre parties (Maroc, Algérie, Mauritanie et le mouvement séparatiste) en décembre 2018 à Genève, puis dans la région de cette même ville, à la mi-mars 2019. Il était prévu, au terme de ce dernier rendez- vous, une troisième table ronde en été pour avancer davantage et s’atteler au fond du dossier. D’où cette interrogation aujourd’hui: comment relancer ce processus? Suivant le même format? Et alors avec quel agenda?

Il faut dire que la situation de crise de l’Algérie depuis des mois pèse de tout son poids sur ce différend. Le nouveau ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukaddoum, nommé le 1er avril 2019 dans le nouveau cabinet Bedoui, ne peut que continuer à gérer la rhétorique habituelle de la diplomatie algérienne -ce qu’il vient de faire dans son discours devant l’Assemblée générale des Nations Unies.

La solution est -et reste- à Alger. Mais qui peut décider quoi que ce soit en vue d’une normalisation avec le Maroc incluant le soutien à un compromis politique réaliste sur la question du Sahara marocain ainsi que d’autres dossiers tels celui de l’ouverture des frontières terrestres ou la relance de la construction maghrébine?.

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