Une équipe de chercheurs de l’hôpital Kitano à Osaka, au Japon, a mis au point un traitement permettant la repousse naturelle des dents, mais dans des cas bien spécifiques. Les travaux de ces chercheurs se concentrent sur un gène clé dans le processus de repousse dentaire : le gène USAG-1. Ce gène produit une protéine spécifique, qui désactive en quelque sorte la croissance dentaire. «Le gène USAG-1 code pour une protéine portant le même nom. Cette protéine, une fois exprimée, arrête le processus de transformation cellulaire des bourgeons dentaires [ndlr : précurseurs des dents], et donc empêche par la suite le développement et l’apparition de nouvelles dents», explique le Dr. Fatimzahra Kanice, chirurgienne dentiste à Casablanca, que nous avons consultée afin de mieux comprendre le sujet.
Pour contrer cette inhibition, donc, les chercheurs ont développé un anticorps monoclonal capable de neutraliser cette protéine USAG-1, et apparemment c’est un franc succès! Jusqu’à présent, ce traitement a été expérimenté sur des souris et des furets, et aucun effet secondaire majeur n’a été relevé. Les premiers essais cliniques sur des humains sont prévus pour septembre 2024.
Essais cliniques sur l’homme
Ces essais cliniques seront réalisés en deux phases. La première phase, qui s’étalera de septembre 2024 à août 2025, impliquera 30 volontaires âgés de 30 à 64 ans ayant au moins une dent manquante. Cette phase aura pour but de vérifier l’absence de toxicité et d’évaluer les éventuels effets secondaires. Si les résultats sont positifs, la deuxième phase consistera à tester le traitement sur des enfants de 2 à 7 ans atteints d’agénésie dentaire congénitale, une condition où les dents ne se développent pas normalement.
Cependant, bien que prometteur, ce traitement pourrait être bénéfique exclusivement aux personnes atteintes de maladies congénitales empêchant la formation des dents. «À mon avis, ce médicament, s’il voit le jour, serait destiné aux individus ayant des syndromes avec une ou plusieurs agénésies dentaires.
Pour les personnes dont les dents ont déjà poussé, et qui les ont perdues par la suite pour une raison ou une autre, je ne pense pas que ce médicament pourrait régler leur problème», souligne le Dr. Kanice. Le médicament agirait donc uniquement sur les personnes n’ayant jamais développé de dents, à cause de problèmes génétiques. L’hôpital japonais Kitano le précise d’ailleurs, afin d’éviter tout contresens : «Cette recherche ne vise pas à restaurer les dents des personnes qui ont perdu leurs dents.
Cependant, les chercheurs souhaitent que ce traitement puisse, à terme, offrir une alternative sérieuse aux prothèses dentaires, pour tous ceux qui ont perdu leurs dents à cause de caries ou d’accidents. «Nous espérons qu’un jour, la médecine de la repousse des dents sera un troisième choix à côté des prothèses et des implants», déclare Katsu Takahashi, l’un des chercheurs principaux de l’étude.
D’autres équipes de recherche à travers le monde sont en quête de solutions novatrices pour la repousse dentaire. Par exemple, une équipe dirigée par Takashi Tsuji au Japon travaille sur la culture de dents en laboratoire avant de les implanter. En France, certains chercheurs utilisent des cellules souches pour régénérer des dents, bien que les applications cliniques soient encore très loin d’être réalisées.