Demain le multilatéralisme

LE PASSÉ N’EST PAS UN PASSÉ, C’EST UN PRÉSENT QU’IL FAUT RECTIFIER DANS UN FUTUR DORÉNAVANT MULTIDIMENSIONNELLE.

Le général De Gaulle, homme d’État d’un temps qui fut, appelait « un machin Ô combien inutile et parfois dangereux » lorsqu’il parlait de l’Organisation des Nations Unies. Il aurait pu qualifier de même ses divers comités et commissions qui tirent leur subsistance du suc de la réunionite sans fin. De Gaulle avait émis cet avis en raison de l’incapacité de cette organisation à résoudre les conflits internationaux. Ses décisions importantes étaient toujours quasi-bloquées par les vetos du Conseil de Sécurité.

Il pensait aussi que l’ONU manquait de respect envers la souveraineté des États membres faibles, africains ou qui avaient été colonisés. Pour lui, chaque État devrait suivre sa voie sans ingérence externe, même au détriment des résolutions de l’ONU.

Le machin d’hier vient, dans une longue liste de dysfonctions des droits humains, d’épingler la France pour discriminations raciales, violences structurales et d’autres cerises sur le gâteau aux vertus politiques épuratives. La France s’en fout comme en l’an quarante de ces dispositions de la palabre internationale. Ce n’est pas la première fois qu’un tel épinglage lui soit adressé. Elle dispose d’un droit de veto au Conseil qui la préserve des piqûres du machin. Pour l’Occident, l’ONU aboie et la caravane passe. Pour les États du sud, c’est l’Occident qui mord quant l’ONU aboie.

A retourner les pages de l’histoire des hommes sur les 5 derniers siècles, on voit que l’ordre international a été précisément conçu pour exploiter ce Sud africain afin permettre aux pays européens, comme le dirait Frantz Fanon, de se vautrer dans l’opulence ostentatoire. Cela avait déjà commencé au XVIème siècle par la traite négrière de millions d’africains kidnappés et vendus aux exploitants américains par les portugais, les espagnoles, les anglais, les français et les hollandais. Puis il y a eu l’impérialisme, la colonisation, l’Apartheid et l’exploitation des ressources des pays dominés sans compensation pour la population locale.

Les conséquences catastrophiques des programmes d’ajustements structuraux du FMI et la Banque Mondiale sont à la base de l’appauvrissement de millions de population africaines et l’une des causes principales de la genèse du terrorisme actuel qui ravagent l’Afrique. Cela continue aujourd’hui par des politiques néocoloniales et des interventions irrespectueuses dans les affaires intérieures des États du sud. Une illustration des cet état des choses est l’existence à ce jour de frontières artificielles coloniales sources de conflits régionaux bénéficiant à l’Occident et à ses industries de l’armement.

L’étranglement économique de l’Afrique et des pays du sud par la dette et l’existence-relique du franc CFA sont autant d’illustrations de ce néo-colonialisme. Les choses n’ont pas changé, les ex-occupants ont simplement revu leurs méthodes et leurs rhétoriques. Au lieu de prendre par la force, ils utilisent les accords préférentiels et les arrangements financiers biaisés, souvent avec la collusion des élites locales, pour drainer les ressources du continent.

La force et les résolutions désobligeantes de chambres de parlements sous influence étant toujours là au cas ou. L’existence d’un ordre mondial, qui impose ses règles et qui ne les respectent pas lui-même, qui traite les pays du sud comme des moins que rien, n’est plus acceptable dans un monde qui entre de plein pied dans une phase de multilatéralisme. Le passé n’est pas un passé, c’est un présent qu’il faut rectifier dans un futur dorénavant multidimensionnelle.

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