Demain la canicule sera la norme

Comment réhabiliter des écosystèmes durement affectés.

Par ces temps de hausse de température et de stress hydrique, les incendies de forêt se sont déclarés, comme à l’accoutumée, dans le nord du Royaume, et ce depuis bientôt une semaine. Ces incendies ont détruit pas moins de 9.200 hectares de couvert forestier dans les provinces de Larache, d’Ouezzane, Tétouan et de Chefchaouen, dont 7.800 ha dans la commune Souk L’qolla.

Ils ont également touché des zones d’arbres fruitiers et détruit de nombreuses ruches traditionnelles et modernes qui se trouvent dans les forêts brûlées. Heureusement que les efforts inlassables déployés par les équipes d’intervention et les éléments des Eaux et forêts, de la Protection civile, des Forces armées royales, de la Gendarmerie royale et des Forces auxiliaires, appuyés par des volontaires de la population locale, ont permis de maîtriser tous les foyers d’incendie éclatés dans ces provinces. Aussi, les équipes d’intervention, appuyées par plusieurs moyens terrestres et aériens, ont réussi à maîtriser les flammes attisées par les températures élevées et les rafales de vents violentes.

Certes, le Maroc n’est pas le seul pays à faire face à des températures très élevées en ce mois de juillet. De nombreux records de température ont été battus dans l’ouest de la France. De la Bretagne aux Landes, le thermomètre a dépassé les 40 °C sur la plus grande partie de la côte Atlantique. La Gironde, assommée de chaleur, traverse un épisode dantesque.

Les «mégafeux», hauts de trente mètres, font des ravages sur la façade atlantique, traversant les routes et les villages en dégageant une fumée noire toxique. Ces feux, pour l’heure, n’ont pas fait de victime, mais les experts redoutent une tragédie si le cycle n’est pas vite enrayé. L’Espagne, de son côté, sort d’un état d’alerte et a enregistré des pointes à 45 °C. Plus inhabituel, le Royaume-Uni est, pour la première fois de son histoire, placé en alerte rouge «chaleur extrême» et se préparait au début de cette semaine à dépasser les 40 °C dans plusieurs régions du royaume.

Des situations exceptionnelles qui risquent de devenir la norme dans les années à venir, alertent les climatologues.«L’augmentation de la fréquence, de la durée et de l’intensité de ces événements (caniculaires) des dernières décennies est clairement liée au réchauffement observé de la planète et peut être attribuée à l’activité humaine», confirmait, lundi 18 juillet 2022, l’Organisation mondiale de la météo, dans un commentaire sur les chaleurs extrêmes que subit, notamment, l’Europe occidentale.

Selon certains écologues, la hausse du nombre d’incendies de forte intensité, nourris par les vagues de chaleur et la sécheresse, pourrait porter un coup fatal à de nombreuses espèces végétales et forestières. Les espèces animales ne sont pas épargnées. Tout un écosystème naturel risque, alors, de partir en fumée. Il faut des dizaines d’années pour qu’un milieu diversifié se reconstitue. Mais si les incendies deviennent plus fréquents à l’avenir, comme le prédisent les modèles, cela constituera un facteur de déstabilisation grave, aussi bien sur le plan humain que naturel.

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