LE MAROC, UNE PUISSANCE GAZIÈRE ?
En ces temps passablement atones, voire dépressifs, conjoncture politique de cette année 2017 oblige… voilà un secteur qui contribue quelque peu à remonter le moral. Référence est faite à l’optimisme contenu des officiels quant au potentiel gazier du Maroc. Ce n’est pas le Qatar, la Russie ou l’Algérie, premiers producteurs dans le monde, mais il y a des éléments encourageants en la matière. Ainsi, la compagnie SDX Energy vient d’annoncer la découverte d’un nouveau gisement de gaz dans le Gharb –c’est le troisième d’ailleurs à Sebou. Le premier assure un débit de 6,4 millions de m3; le deuxième est tout aussi notable et il assure depuis huit ans l’approvisionnement du réseau de distribution alimentant des unités dans la zone industrielle de Kénitra. D’autres forages sont prévus pour le premier semestre 2018.
Pas d’euphorie cependant comme lors de la rocambolesque affaire d’un gisement pétrolier à Talsint, au cours de l’été 2000. Le Maroc en a tiré les leçons. Et l’on en a une illustration avec la communication au cordeau, mesurée et prudente, qui entoure l’ensemble du programme d’exploration des hydrocarbures depuis plus d’une quinzaine d’années. Voici deux mois, la directrice générale de l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), Amina Benkhadra, est revenue sur ce dossier des ressources du sous-sol et de leur potentiel.
Elle a fait état d’une sous-exploration alors que des éléments probants sont potentiellement favorables à l’accumulation de gisements d’hydrocarbures. Elle a exprimé son optimisme quant «à la possibilité de réaliser des découvertes majeures dans le futur».
Pour cela, il faut explorer et élargir le champ de recherche. C’est une politique qui est enfin en bonne voie avec pas moins d’une vingtaine d’entreprises couvrant une superficie de quelque 180.000 km2, soit le quart de la superficie total du Royaume.
Les investissements mobilisés à cet égard sont importants, dépassant les 16 milliards de dirhams pour les années 2010-1016; pour 2017, ils se situent à hauteur de 500 millions de dirhams. Tout un programme est en marche avec des résultats: des gisements de gaz dans le bassin du Gharb et d’Essaouira ainsi que dans celui de Tendrara, où précisément trois puits d’exploration vont permettre la mise en production en 2019. D’autres explorations sont prévues dans la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima et même à Rabat-Salé-Kénitra.
Au total, quelque 90 permis de recherches ont été accordés à ce jour, 29 onshore et 64 offshore. Parallèlement, l’office a mené des opérations et des programmes d’exploration stratégique et ce sur de grandes superficies. Il s’agit de mettre en évidence de nouvelles cibles de recherche et d’augmenter ainsi le portefeuille de projets.
Cela dit, le souci du Maroc n’est pas de maximiser le champ de recherche à tout prix et de ne prendre en compte que ce seul critère. Il importe en effet que les partenaires de l’ONYHM réalisent aussi des études d’impact sur l’environnement avant d’engager leurs travaux. Une réglementation prévaut dans ce domaine; elle a des contraintes internationales mais aussi celles liées à la loi marocaine. Il y a des normes, des standards aussi à respecter qui prennent en compte l’environnement. Les opérateurs sont astreints à des procédures dites QSE (Qualité – Sécurité – Environnement). Reste l’interrogation sur la stratégie énergétique du Maroc. Comment se fera l’articulation entre le développement de sources d’énergie fossile –dont le gaz– avec le programme exceptionnel et ambitieux des énergies renouvelables? Où faudra-t-il mettre le curseur?
En attendant, le Maroc compte bien pousser les feux dans les deux directions tant il est vrai qu’un grand potentiel gazier paraît se présenter. L’avantage de la situation pour le Royaume, c’est qu’il peut être l’avant-garde d’une exploitation propre des gisements de gaz parce que ce sera une nouvelle industrie à la différence des producteurs actuels liés, eux, par un «modèle» fort éloigné des exigences de l’environnement.