La décharge de Médiouna, un crime contre l’environnement et la dignité humaine

GOUVERNANCE LOCALE

Entre promesses et annonces de fermeture, les riverains de la décharge de Médiouna ne savent plus à quel saint se vouer face à cette menace sanitaire et environnementale qui dure plus de 30 longues années.

Le problème de la décharge de Médiouna dure plus de trois décennies. Une épine et une tache indélébile qui marquera les mandats des différents maires de Casablanca, sans que personne ne prenne ce grave problème au sérieux. Des appels d’offres à la pelle, des reports et annulations de ces appels d’offre, annonces de fermeture, lobbying… Depuis trente ans, les riverains, frustrés et en colère, espèrent un dénouement qui ne verra pas le jour de sitôt.

Entre pétitions, plaintes, manifestations, mobilisation sur les réseaux sociaux, tous les moyens ont été usés pour faire entendre, en vain, leur voix, face au mutisme de la commune urbaine de Casablanca et de la société de développement locale, Casablanca Baia, censée solutionner ce problème. Un mutisme que nous avons aussi rencontré, en essayant de joindre, en vain, Abdelaziz El Omari, maire de Casablanca. En attendant, les victimes de ce crime contre l’environnement ne savent plus à quel saint se vouer.

Entre problèmes respiratoires ou dermatologiques, les habitants de Médiouna, mais aussi les occupants des projets luxueux à Bouskoura désespèrent et sont obligés, pour ceux qui ont les moyens, de déménager. Dernier épisode de ce feuilleton, le débordement du lixiviat sur la route régionale reliant la commune de Médiouna à Casablanca, bloquant ainsi la circulation et mettant encore en grogne les occupants de cette région. Une région oubliée par nos gouvernants et qui s’apparente à une grande décharge publique où aucune mesure de protection de l’environnement et de la dignité humaine n’est respectée. Une décharge qui accueille chaque jour près de 3.500 tonnes de déchets, produisant pas moins de 40.000 m3 de lixiviat par mois, sans parler des gaz et la fumée générés par l’incinération et les odeurs nauséabondes.

Un mal endémique
De graves menaces pour les habitants et leurs enfants, dont plusieurs souffrent d’asthme et de problèmes respiratoires. «Les lixiviats sont une menace pour les sols et la ressource en eau. Les fuites de lixiviats chargés en polluants et substances toxiques peuvent se produire dans l’environnement autour du site de la décharge, mettant en danger les végétaux, les animaux qui les ingèrent et, au sommet de la chaîne alimentaire, l’homme. Ce dernier est plus directement touché lorsque la décharge se situe à proximité d’une nappe phréatique alimentant la population en eau potable», rappelle l’association française le Centre national d’information indépendante sur les déchets (Cniid).

A l’image de plusieurs autres aberrations urbaines et manquements aux responsabilités, l’affaire de la décharge de Médiouna, si elle nous révèle une chose, c’est que nos grandes villes souffrent d’un mal endémique et structurel qu’est la gouvernance locale. Une gouvernance en panne, menée par des politiques et des élus locaux dont certains se servent au lieu de servir et pour qui l’intérêt général et le bien commun ne sont que chimères et slogans de compagnes électorales.

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