DÉCÈS DU CHANTEUR ALGÉRIEN, IDIR, 70 ANS

Une icône de la musique est partie

Mort en France où il vivait depuis 45 ans, Idir laissera un souvenir indélébile aux amoureux de la musique, notamment les amazighophones.

Le destin en aura voulu ainsi. Chantre de la culture amazighe en général et de celle de sa Kabylie natale en particulier, c’est loin d’Afrique du Nord et précisément en France qu’Idir aura finalement été inhumé, car comme chacun sait la pandémie de Covid-19 empêche que sa dépouille ait été rapatrié et il n’aurait de toute façon pas été politiquement très correct de lui faire ce privilège, toute icône artistique qu’il est.

De fait, la seule façon dont il a été possible de lui rendre un dernier hommage a été celle, comme il est d’ailleurs devenu coutume, des publications sur les réseaux sociaux, et du président algérien Abdelmadjid Tebboune qui a “appris avec une immense tristesse la nouvelle du décès” à ses collègues musiciens qui l’ont côtoyé voire collaboré avec lui à l’instar du chanteur français Patrick Bruel en passant par le footballeur franco-algérien -lui aussi Kabyle- Zinédine Zidane et surtout des milliers de simples fans anonymes, l’homme d’Aït Yenni -où il a vu le jour le 25 octobre 1949- n’a reçu que des louanges. Et pour une fois, ce n’est sans doute pas démérité. Homme de paix aussi bien à travers ses chansons à succès comme bien sûr l’emblématique “A Vava Inouva” que par son ouverture personnelle aux autres et à leurs cultures, Idir a tout au long de sa monumentale carrière cherché à rapprocher plutôt qu’à séparer, notamment au Maghreb où sa revendication de son identité amazighe et kabyle n’a pour autant pas été synonyme de rejet de ce qui n’y rapportait pas.

Monumentale carrière
Ainsi en juin 1995 et alors que la guerre civile déchire l’Algérie depuis plus de trois ans, il initiera avec Khaled le concert pour la paix “L’Algérie, la vie!”, qui fera date: 6.000 personnes se bousculent au Zénith de Paris pour y assister, et beaucoup doivent même rebrousser chemin à l’entrée faute d’un nombre de places suffisantes. Plus tard, en 2007, Idir enregistre l’album “La France des couleurs”, qui avait consisté en des featurings avec des musiciens français d’origines diverses -le chanteur vivait en Hexagone depuis 1975, sans toutefois avoir jamais cherché à obtenir la nationalité française. Surtout, l’artiste algérien aura permis à la culture amazighe de passer un cap et de véritablement s’émanciper du poncif du folklore auquel ses détracteurs ont toujours voulu l’astreindre, poursuivant ainsi à niveau mainstream les recherches de l’écrivain algérien Mouloud Mammeri et du Marocain Mohamed Khaïr-Eddine.

Il pavera, ainsi, la voie (et la voix) à plusieurs artistes amazighophones tels son compatriote Lounès Matoub -qu’il adoubera en lui permettant de réaliser son premier disque en France, Ay Izem, en 1978- ou encore les Maliens de Tinariwen. Idir n’aura en tout cas pas volé sa stature, et nul doute que ses chansons continueront encore de bercer les amoureux de la musique, Maghrébins ou non...

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