Cybercriminalité au Maroc : Des statistiques intrigantes

Extorsion de fonds, pornographie infantile, harcèlement sexuel, piratage de données… Autant d’actes cybercriminels enregistrés au Maroc en 2020. Explications.

Le phénomène de la cybercriminalité demeure une triste réalité au Maroc. Des criminels utilisent la puissance d’internet pour commettre des délits, pensant échapper facilement aux radars de la justice. Que nenni! Les chiffres communiqués par la présidence du Ministre public dans son dernier rapport le confirment. 498 personnes ont été arrêtées et poursuivies en 2020 pour des infractions classiques via les moyens électroniques, dont 261 impliquées dans les affaires d’extorsion de fonds «à travers la menace de révélations ou d’imputations diffamatoires» ou chantage sexuel par voie électronique.

Celles-ci regroupent d’ailleurs la majeure partie des crimes liés à la cybercriminalité dans le Royaume durant l’année écoulée. 119 individus ont aussi été interpellées pour «harcèlement sexuel par sms, messageries électroniques, enregistrements ou images», 74 pour «escroquerie par voie électronique» et 44 autres pour «provocation aux crimes ou délits par voie électronique». Des actes passibles d’un à cinq ans d’emprisonnement et d’une amende de 200 à 2.000 dirhams, souligne le rapport. Ce qui est gravissime, c’est que ces criminels 2.0 rivalisent d’ingéniosité pour mettre à exécution leurs plans répréhensibles.

Même nos données ne sont pas laissées en rade. 230 personnes ont été poursuivies pour des infractions qui touchent directement le système informatisé, sa sécurité et les données qui y sont stockées, révèle le ministère, qui précise que «la majorité, soit 117 personnes, ont accédé ou tenté d’accéder frauduleusement, à ce système». Un délit, qui selon lui, est passible d’un à trois mois d’emprisonnement et d’une amende de 2.000 à 10.000 dirhams. Ces individus sont généralement des hommes de nationalité marocaine, tandis que leurs victimes sont souvent basées hors du Maroc, constate-t-il.

Exploitation d’enfants
Les autres révélations qui interpellent, c’est celles de la pornographie infantile. Une pratique qui prospère encore sous nos cieux. D’après ’institution de Hassan Daki, 35 personnes ont arrêtées pour cette infraction, dont 23 accusées d’être impliquées dans «l’exploitation d’enfants de moins de dix-huit ans dans la pornographie», et 12 pour «représentation d’un acte sexuel réel, simulé, ou perçu ou toute représentation des organes sexuels d’un enfant à des fins de nature sexuelle», crime dont les auteurs risquent un à cinq ans de prison et une amende variant de 10.000 à un million de dirhams.

Et ce n’est que la face visible de cet iceberg si sombre, alerte-t-elle, puisque ces chiffres ne traduisent pas la réalité. Parce que d’une part ces types d’infractions sont souvent occultées ou non révélées aux juridictions concernées. Le rapport pointe également du doigt les crimes liés aux cryptomonnaies constatés ces dernières années, même si aucun délit n’a été enregistré en 2020. «Deux dossiers en cours d’instruction depuis 2019 ont permis d’interpeller de nouveaux suspects», selon le ministère public. Seul bémol, l’absence de cadre juridique qui ne facilite pas la tâche aux autorités judiciaires.

La preuve, certains magistrats ont prononcé des acquittements tandis que d’autres ont exigé des condamnation ou peines privatives de liberté, sur des infractions relatives à l’achat et à la vente de ces monnaies électroniques. D’autres sont relatives à l’achat de stupéfiants ou d’armes, ou le blanchiment de capitaux en provenance du trafic de drogue, et de la traite d’êtres humains, révèle le rapport.

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