Croissance et Covid-19 au Maroc, selon la Coface: attention aux chocs

Forte dépendance à l’agriculture, hausse de la dette publique et du chômage, disparités sociales et régionales… Autant de risques qui pèsent sur l’économie marocaine, d’après le dernier baromètre risques pays et sectoriels de la Coface.

Le dernier rapport de Compagnie française d’assurance spécialisée dans l’assurance-crédit à l’exportation (Coface) tire la sonnette d’alarme sur la situation économique du Maroc dans ce contexte de Covid- 19. Le Royaume est certes classé dans la catégorie B avec un «risque pays assez élevé et un environnement des affaires convenable», mais il n’est pas à l’abri de chocs endogènes et exogènes qui pourraient fragiliser sa croissance.

La forte dépendance au secteur agricole, qui polarise 40% de la population et représente 14% du PIB et de la coopération avec l’Union européenne, constitue un risque majeur, d’après Coface, qui estime que cette posture fragilise le Maroc dans sa concurrence avec la Turquie et l’Egypte dans l’espace mediterrannéen. Le spécialise de l’assurance-crédit pointe aussi du doigt la hausse du taux de chômage, notamment chez les jeunes, le manque de logements, la faible intégration des femmes sur le marché de l’emploi, la faiblesse de la productivité et de la compétitivité, ainsi que la tension avec l’Algérie. Autant de paramètres qui ont été pris en compte dans l’évaluation du pays.

Diminution des recettes publiques
Le baromètre confirme l’impact de la crise sanitaire sur le tourisme, qui représente 12% du PIB, et sur l’emploi, à cause des restrictions de déplacement et de la fermeture des frontières. Idem pour les exportations, autres victimes collatérales du Covid. Coface se veut optimiste et table sur une relance modeste en fonction de la reprise économique dans les pays européens partenaires.

La baisse des recettes douanières et de la fiscalité domestique a aussi engendré une diminution des recettes publiques, contribuant ainsi à creuser le déficit public, constatent les analystes, qui estiment que ce dernier connaîtra un faible recul en 2021 car les conséquences de la pandémie seront encore perceptibles durant le premier semestre de l’année. Autre risque majeur souligné, l’augmentation considérable de la dette publique (à 67% extérieure fin 2020) «malgré les recettes conséquentes de privatisations».

Toujours à en croire le Coface, le contexte actuel pourrait exacerber les fragilités sociales. «Malgré les mesures de soutien aux ménages, la hausse du chômage et les pertes de revenus des ménages laissent présager d’une montée du mécontentement. Le poids élevé du secteur informel, notamment dans le commerce, le BTP et l’agroalimentaire, ne facilite pas le versement des aides, ce qui creuse les inégalités.

Le manque d’opportunités d’emploi, la vulnérabilité des populations rurales au changement climatique, la perception de la corruption et les restrictions de certaines libertés pourraient alimenter les frustrations», alerte-t-elle. Le Maroc, certes confronté à plusieurs défis, est mieux classé que son voisin algérien, considéré comme un «pays à risque très élevé» et logé dans la catégorie D.

«La prévalence de la pauvreté, le manque d’opportunités d’emploi et le contexte économique difficile, exacerbés par la crise sanitaire, ainsi que le sentiment que rien ne change au niveau de la gouvernance, alimenteront probablement le mécontentement», constatent les analystes.

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