LA RÉPONSE À LA CRISE PASSE PAR UN CHANGEMENT DE PARADIGME

LE MAROC N’A D’AUTRE CHOIX QUE D’APPRENDRE À VIVRE AVEC LA CRISE

Six mois après la déclaration de l’état d’urgence sanitaire, qui vient d’ailleurs d’être prolongé jusqu’au 10 octobre 2020, la crise est toujours là et marque cette rentrée économique qui se fait sous le signe de l’incertitude et du manque de visibilité. Aujourd’hui, avec la recrudescence alarmante des contaminations dues au Covid-19, le Maroc n’a d’autre choix que d’apprendre à vivre avec la crise. À moins de passer d’une stratégie défensive à une stratégie offensive, comme le préconise le patronat marocain, représenté par la CGEM. Ce qui nécessite une évolution conceptuelle de plus long terme chez nos décideurs aussi bien publics que privés.

Jusqu’ici, les mesures de court terme préconisées, notamment par le comité de veille économique, ont tenté tant bien que mal de faire face à la crise forcée du Covid-19. Or, ce dont il s’agit, aujourd’hui, c’est d’opter pour un véritable changement de paradigme économique. Un saut incontournable que beaucoup de nos décideurs ont du mal à franchir. Rappelons que pendant des décennies, ces mêmes décideurs n’ont pas su faire sortir le Maroc de l’austérité économique. Peu de réformes structurelles ont, en effet, été réalisées pour améliorer significativement le potentiel de croissance de l’économie. Rappelons, aussi, que peu a été fait pour construire non seulement l’école de demain mais aussi l’hôpital de demain. L’école qui reste à construire ne peut être que celle qui privilégie une éducation innovante, créative et ouverte sur les progrès scientifiques et technologiques du XXIème siècle. Quant à l’hôpital de demain, il est le seul à même de garantir une santé pour tous. Santé qui fait tellement défaut par ces temps de coronavirus.

Or, l’approche qui a prévalu jusqu’ici, notamment du côté de la politique économique, s’est limitée au maintien d’une stricte séparation entre politique monétaire et politique budgétaire. La politique monétaire devant être accommodante pour stabiliser l’inflation. Entretemps, rien n’a été fait du côté de l’offre, non seulement pour inciter les entreprises à innover, mais, surtout, contribuer à réduire le chômage. Chômage qui a fini par s’installer définitivement dans l’espace social, entravant, ainsi, toute possibilité de croissance de revenus et de réduction des inégalités.

La crise que nous connaissons, aujourd’hui, saura-t-elle servir de levier pour imposer des idées suffisamment audacieuses pour passer à une politique budgétaire plus forte? C’est tout à fait possible. Elle reste à la portée de nos décideurs qui doivent profiter du changement d’état d’esprit qui s’opère aujourd’hui à l’échelle mondiale. Aujourd’hui, plus qu’hier, il est important de susciter tout un élan de mobilisation et de rassembler toutes les forces vives pour dépasser les problématiques économiques induites par la crise mais également celles existant bien avant la pandémie comme l’informel, les lourdeurs administratives sans oublier le volet social, qui doit rester la priorité des priorités

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